Le nouveau protocole de Thomas Vincent

Raoul Kraft (Clovis Cornillac), alors qu’il travaille sur son exploitation forestière, apprend la mort de son fils de 18 ans dans un accident de voiture. Sur le lieu de l’accident, sur une route de montagne, une jeune altermondialiste, Diane (Marie-Josée Croze), lui dit que son fils suivait un protocole d’essais cliniques pour un médicament dont les effets secondaires pourraient avoir provoqué l’accident mortel. Elle lui demande de lui remettre le médicament à des fins d’analyses. Elle le prévient aussi que le laboratoire pharmaceutique pourrait tenter de le récupérer pour masquer sa responsabilité. Bouleversé, Raoul ne veut pas en entendre parler et l’envoie promener. Mais il se rend compte que son fils n’a pu être victime d’un simple accident : il ne pouvait pas quitter la route à cet endroit, et la voiture n’avait aucun problème. D’autre part, en rentrant chez lui un soir, il constate que son armoire à pharmacie a été fouillée. Il décide alors de monter à Paris et de retrouver Diane.

Tout en enquêtant sur la mort de son fils, Raoul va peu à peu pénétrer les arcanes de l’industrie pharmaceutique, que Diane combat de toutes ses forces. Parfois à la limite de la rupture, elle n’hésite pas à harceler publiquement et en privé les patrons de laboratoires, pour révéler leurs agissements, et à manipuler Raoul, pour l’amener à servir sa cause. Marie-Josée Croze incarne avec brio un personnage douloureux et ambigu. Clovis Cornillac est lui aussi excellent dans le rôle de ce père amené par sa quête désespérée de justice à apprendre la cruelle vérité sur son fils et à ouvrir les yeux sur la réalité du monde qui l’entoure.

Les films français qui allient divertissement et réflexion politique ne sont pas si fréquents. Pour le divertissement, tous les ingrédients d’un bon thriller : un scénario bien ficelé avec scènes d’action et courses-poursuites, révélations et rebondissements, suspense et émotion. Côté réflexion : la puissance du lobby pharmaceutique qui transforme les plus pauvres en cobayes pour tester les nouveaux médicaments qui soigneront les maux des plus riches, et surtout accroîtront ses profits. Les scènes d’ouverture et de clôture, en guise d’illustration, font d’ailleurs froid dans le dos.

Le drame personnel qui se joue pour Raoul Kraft est aussi l’occasion d’une prise de conscience qui transcende sa propre expérience, comme en témoigne son geste à la fin. Geste de colère et de révolte, il sonne aussi comme une tentative désespérée d’attirer l’attention sur une entreprise inhumaine. Au début du film, lors de la conférence de presse d’une patronne de labo pharmaceutique, Diane, folle de rage, hurle que lors de la peste au Moyen-Age, si un vaccin avait existé, on l’aurait donné, pas vendu, simplement pour enrayer l’épidémie. On pense bien sûr aux ravages du sida en Afrique. Non, décidément, la santé n’est pas une marchandise.

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