
La vie de Jack London fut un roman. C’est dans sa vie qu’il a puisé la matière de son œuvre considérable. Sa propre expérience bien sûr, mais aussi ce qu’il a vu, les histoires qu’on lui a racontées. Peu de choses le destinaient à devenir écrivain. Il naît John Griffith Chaney à San Francisco en 1876, et est abandonné avant même sa naissance par son père, un astrologue réputé. Sa mère se remarie avec John London, qui donne son nom à l’enfant de sa femme. Jack n’apprendra qu’à l’âge de 21 ans que cet homme n’est pas son père, mais il conservera toujours une grande affection pour lui. Les London s’établissent comme fermiers en Californie puis, les affaires n’étant pas florissantes, emménagent dans un quartier pauvre d’Oakland. C’est là qu’il devient un petit dur de la rue, qu’il expérimente les bars et l’alcool, mais aussi qu’il se découvre un formidable appétit de lectures, dévorant tout ce qui passe entre ses mains.
Mais pour aider à la subsistance de la famille, Jack doit travailler dès l’enfance, tout en suivant l’école. Adolescent, il sera ouvrier en usine, pilleur d’huîtres, s’enrôlera dans la patrouille de pêche (qui pourchasse les pilleurs d’huîtres !), chassera le phoque au large du Japon, sera trimardeur sur les routes des Etats-Unis, connaîtra la prison, puis de retour au bercail, reprendra ses études. Marqué par la misère et l’exploitation du prolétariat américain, il se sensibilise alors aux thèses socialistes. Mais Jack ne se sentira jamais véritablement à son aise dans ce milieu étudiant, parmi des jeunes issus de classes aisées. C’est également l’époque de ses premières nouvelles, qu’il tente de vendre aux journaux. Le succès se fera longtemps attendre, et ne prendra véritablement son essor qu’après une année passée dans le grand nord canadien, comme chercheur d’or, d’où il ramènera quantités d’histoires « du froid ». C’est décidé, il sera écrivain.
Je ne peux ici retracer toute la vie du grand écrivain, la biographie de Jennifer Lesieur le fait excellemment. Tout en narrant les péripéties de la vie de London, elle replace chaque nouvelle et roman dans le contexte où ils ont été écrits, faisant pour chacun un résumé, ce qui permet d’apprécier les rapports, particulièrement évidents chez cet auteur, entre vie et écriture. Sa personnalité est aussi particulièrement bien dessinée. Volontaire, avide de connaissances, boulimique de travail, London n’échappe pas aux contradictions : croyant en la réussite individuelle et militant socialiste, débordant de vie et en proie à l’abattement, voire à la dépression, dénonçant dans ses écrits le sort misérable fait aux peuples colonisés et croyant en la supériorité de la « race » anglo-saxonne… Son tempérament excessif le conduira à une mort précoce, à l’âge de 40 ans, terrassé par la maladie et l’alcool. Mais une œuvre immense nous reste.
Passionnante, d’une lecture agréable et très bien documentée, cette biographie, à ce jour la seule, étonnamment, parue en français, ravira tous les aficionados de Jack London. Et pour ceux qui ne connaîtraient pas son œuvre extraordinairement diverse, qui aborda tous les genres, elle leur donnera à coup sûr envie de s’y plonger sérieusement.
Une biographie qui a l’air passionnante. J’ai plusieurs London dans ma PAL et je vais d’abord commencer par là mais pourquoi pas en apprendre plus sur la vie de l’auteur et le contexte d’écriture par la suite. Merci pour cette référence.
elle est notée sur ma LAL depuis ma rencontre avec Jennifer Lesieur, une jeune femme sympathique, lors du Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo, d’ailleurs j’ai un de ses livres dans ma PAL d’été ! Quant à Jack London, cela donne envie de se (re) plonger dans ses oeuvres !
Ah oui, je suis en période « bios » en ce moment, et celle-ci me tente désormais beaucoup, voilà une personnalité qui semble complexe et donc intéressante ! Je me surprends à penser que Zweig aurait adoré ces contradictions 🙂
Ça m’intéresse beaucoup! Je prend note des références, je pense bien que je la lirai, éventuellement!
Tout comme toi, j’avais trouvé cette biographie très intéressante et l’auteur, comme tu le soulignes, prend soin d’insérer l’écriture dans la vie de l’écrivain, comme elle l’était dans la réalité.
J’ai lu plusieurs livre de Jack London (et j’ai tout adoré) mais je dois avouer que je ne connais pas grand chose du personnage … un manque à certainement combler !
En voyant sa photo, ma première réaction a été: mon Dieu qu’il est beau! Sa vie, quoique pas toujours heureuse, fut un vrai roman!
@zarline : ce n’est pas plus mal de commencer par son oeuvre, la biographie apportant ensuite un éclairage nouveau.
@loulou : sa biographie est vraiment réussie, et donne effectivement envie de lire ou relire Jack London.
@Pickwick : London et Zweig étaient contemporains, c’est amusant d’imaginer une recontre entre ces deux immenses écrivains aux univers tellement différents.
@Allie : en tout cas je te conseille grandement cette lecture.
@Brize : content que tu aies apprécié également. Oui on ne peut dissocier vie et écriture, c’est flagrant chez London.
@Kikine : la biographie comblera cette lacune, et te donnera certainement envie de lire d’autres livres de London.
@La plume et la page : il était bien mal engagé dans la vie, mais il en a tiré une oeuvre considérable, pour notre plus grand plaisir.
Je lis actuellement le peuple d’en bas de J. London et j’aime cet écrivain hors du commun. Je pense que je lirai John Barleycorn, que j’ai dans ma pal, qui est son autobiographie romancée avant d’acheter une biographie de J. London : c’est un auteur que j’apprécie beaucoup et qui ne mérite pas son étiquette d’auteur de jeunesse…
Inscrit sur la LAL depuis bien longtemps, il faut que je lise cette biographie car en effet, la vie de Jack London vaut un roman !
@maggie : « Le peuple d’en bas » est un travail magistral, et terrifiant, non ? Je compte bien lire « John Barleycorn » aussi, il sera intéressant de le confronter à la biographie de Jennifer Lesieur.
@Ys : chaque moment, chaque expérience de la vie de London a nourri son oeuvre, on en prend réellement conscience avec cette biographie.
J’ai un peu honte de le dire, mais je n’ai lu de Jack London que To Build a Fire, lors de mes études d’anglais il y a quelques années. J’avais beaucoup apprécié cette lecture cela dit, et je me lancerais volontiers dans d’autres bouquins de ce bonhomme !
P.S. : C’est la première fois que je viens sur ton blog, et il est très agréable à parcourir. 🙂
« Construire un feu » n’est peut-être pas le meilleur London, je ne sais pas, c’est un a priori. Si tu veux commencer fort la découverte de London, lis « Martin Eden », tu ne pourras qu’être touchée par ce roman. Merci pour ton appréciation de notre blog, je suis allé sur le tien et t’ai laissé un commentaire sur le Tom Robbins. « Le serpent arc-en-ciel » apparaît désormais en lien à droite de cette page.
Merci pour tes conseils de lecture au sujet de London, j’ai hâte de m’y intéresser de plus près, mais j’ai peur de manquer cruellement de temps pour lire tout ce que j’ai envie de lire très bientôt, car je reprends mes études et mon planning va apparemment être très très chargé !
Bref je ne suis pas là pour raconter ma vie.
Merci aussi de faire apparaître mon blog dans tes liens, c’est très gentil.
Dès que j’aurai un moment pour revoir un peu la présentation de mon blog qui laisse à désirer, je me ferai un plaisir de lier ton blog aussi, ainsi que d’autres que j’ai pu parcourir et qui m’ont beaucoup plu.
Au plaisir !