Les Brontë de Jean-Pierre Ohl

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En prévision d’un voyage dans le Yorkshire, j’ai relu l’excellente biographie que Jean-Pierre Ohl a consacré aux sœurs Brontë. Dans un style très fluide et en s’appuyant  sur de nombreuses sources, l’auteur nous propose un portrait précis et juste de cette fratrie qui fascine par son originalité et sa créativité. L’auteur revient sur les grands moments fondateurs qui ont nourri l’imaginaire des enfants Brontë : le jeu des masques institué par leur père Patrick pour que les enfants s’expriment librement, le pensionnat où seront envoyées les quatre filles aînées Maria, Elizabeth, Charlotte et Emily (les deux aînées décèderont après leur passage dans cette institution maltraitante que l’on retrouvera dans « Jane Eyre), les soldats de bois offert à Branwell par son père et qui seront le point de départ de leurs royaumes imaginaires Angria et Gondal, la liberté laissée par le révérend Patrick Branwell à ses enfants dans le choix de leurs lectures (romans, journaux, magazines).

Jean-Pierre Ohl rend à chaque enfant Brontë sa place dans la fratrie soulignant ainsi leur complémentarité, et il dessine des portraits très fins de chacun. Charlotte est celle que l’on connaît le mieux grâce à sa correspondance avec ses amies Mary Taylor et Helen Nussey. Elle est celle qui est curieuse du monde extérieur et veut être publiée (elle pousse ses sœurs à le faire également). Elle souffrira toute sa vie de dépression et après la mort de ses frère et sœurs, elle éprouvera de grandes difficultés à écrire ce qui la rend très touchante. Emily est celle qui est la plus attachée à Haworth et à sa lande. Elle est inflexible, revêche et montre un incroyable courage physique. Anne est la plus discrète, la plus calme, elle fait montre de beaucoup de stoïcisme, d’altruisme et d’abnégation. Jean-Pierre Ohl replace à leur juste valeur ses deux romans, malheureusement moins lus que ceux de ses brillantes aînées. Et il ne faut pas oublier Branwell, le plus prometteur et le plus protégé de la fratrie, sans doute plus doué avec les mots qu’avec des pinceaux. Vulnérable, il plonge, après de nombreuses déconvenues, dans l’alcool et l’opium. Mais Jean-Pierre Ohl rappelle à juste titre le rôle essentiel qu’il joua dans la dynamique familiale : « En tout cas, le rôle d’aiguillon, d’étincelle, de perpétuel stimulant dans la construction d’un univers imaginaire collectif à nul autre pareil ne peut guère lui être dénié. » 

Jean-Pierre Ohl revient sur la création du mythe autour des sœurs Brontë et la malédiction supposée qui les aurait frappées. Il tord le cou aux légendes et analyse de façon critique certaines biographies notamment celles d’Elizabeth Gaskell et de Daphné du Maurier. Enfin, il remet en perspective la vie de la famille Brontë dans le contexte historique et sociétal particulièrement mouvementé à l’époque.

Comme celle consacrée à Charles Dickens, Jean-Pierre Ohl a écrit ici une biographie passionnante, très agréable à lire et complète sur la famille Brontë que je vous invite à découvrir si, comme moi, elle vous fascine.

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