Brandon (John Dall) et Phillip (Farley Granger) sont deux étudiants new yorkais. Le film s’ouvre sur leur appartement, les deux hommes sont en train d’étrangler un de leurs amis avec une corde. Le corps est placé dans un grand coffre situé dans le living-room. Brandon et Phillip se préparent ensuite pour un dîner des plus macabres. Les parents et la fiancée du mort y sont conviés ainsi que Rupert Cadell (James Stewart), un ancien professeur. Ce dernier défendait l’idée du meurtre en tant qu’art, pour le plaisir du geste. Des êtres supérieurs pouvant choisir d’éliminer les plus faibles. Tout ça n’était qu’une théorie dans la bouche de Rupert, mais Brandon a toujours voulu impressionner son maître et est passé à l’action dans ce but. Son humour macabre va largement trouver à s’exprimer durant la soirée. Brandon installe les couverts du dîner directement sur le coffre où est le corps ; il ira même jusqu’à offrir des livres au père du mort attachés avec la fameuse corde. Mais, Phillip n’a pas les nerfs aussi solides que son camarade.

« La corde » date de 1948 et est adaptée d’une pièce de théâtre de Patrick Hamilton. Alfred Hitchcock a décidé d’inscrire son film dans un dispositif rappelant le théâtre. L’intrigue se déroule totalement en huis clos. Hitchcock a également choisi de donner l’impression d’un mouvement de caméra unique, d’un seul plan séquence. En fait, chaque prise dure 10 minutes, le temps contenu sur une bobine. Les passages entre chaque prise se font souvent grâce aux dos des acteurs. Le procédé est un peu maladroit, mais le dispositif choisi par le réalisateur compliquait beaucoup les choses. L’idée de la continuité dans le déroulement de la soirée est rapidement devenu pesante et Hitchcock le regretta beaucoup à la fin de sa carrière. Néanmoins, il arrive à placer quelques cadrages plus ambitieux pour augmenter le suspense. C’est le cas lorsque la domestique des deux étudiants débarrasse le coffre. On la voit enlever les assiettes, enlever la nappe, remettre les livres anciens dans le coffre. Les autres protagonistes sont hors champs ; on entend leurs conversations. Le coffre va-t-il être ouvert aux yeux de tous ?

« La corde » est à voir pour son humour macabre, cher au réalisateur, mais également pour son formidable trio d’acteurs. John Dall est tout en assurance, en maîtrise de soi et son arrogance devient vite écœurante. Farley Granger joue la fragilité, la faiblesse, c’est l’âme tourmentée du duo d’assassins. Il est humain, trop humain. Et bien sûr, il y a l’immense James Stewart, toujours impeccable quoi qu’il joue. A l’époque, Hollywood ne voulait plus de lui, le trouvait trop vieux. Merci à Hitch d’avoir relancé sa carrière !

Ce premier film en couleurs d’Alfred Hitchcock était une véritable gageure technique. Mais, finalement, l’intérêt de cette œuvre est ailleurs, dès son intrigue et dans ses acteurs.
Un visionnage commun avec ma copine Maggie.








