La marche du cavalier de Geneviève Brisac

Face aux bruits et à l’urgence du monde contemporain, Geneviève Brisac a décidé de se plonger dans ses livres préférés. Elle y cherche rêverie et réflexion. Cette dernière se tourne vers un sujet qui lui est cher : les femmes écrivains. Peut-on parler de littérature féminine ?

La question se pose en effet lorsque l’on voit le mépris de grands théoriciens de la littérature envers les femmes. Geneviève Brisac choisit comme exemple le misogyne Nabokov. Ce dernier rechignait à lire Jane Austen. Une fois la chose accomplie, il reconnaît le talent de la demoiselle mais en le minimisant : « De ce panier à ouvrages, écrit-il, sort un exquis travail au petit point, il y a chez cet enfant quelque chose de merveilleusement génial.  » Le vocabulaire employé par Nabokov parle de lui-même. Pour essayer de répondre à la question de départ, Geneviève Brisac fait appel aux grandes dames de la littérature: Jane Austen, Virginia Woolf, Jean Rhys, Alice Munro, Karen Blixen, Sylvia Townsend Warner, Flannery O’Connor, Marine Tsvetaïeva, Ludmila Oulitskaia ou d’autres moins connues comme Grace Paley ou Rosetta Loy.

Pour Geneviève Brisac, la particularité de la littérature féminine ne tient pas dans le style. La syntaxe et les figures de style ne sont ni l’apanage des hommes ni celui des femmes. En revanche, les thèmes traités sont sans doute différents. Les femmes écrivains n’hésitent pas à parler de ce qui fait leur quotidien. Grace Paley, par exemple, écrit tout simplement sur ce qu’elle voit autour d’elle : les enfants au square, une promenade dans la rue, ce qu’elle aperçoit de sa fenêtre. Rien que de très ordinaire mais elle cherche à percer le mystère, la vérité de la vie à travers ces scènes. La vie est toujours plus complexe et agitée qu’il n’y paraît. Les femmes observent tout cela en faisant un pas de côté, c’est la fameuse marche du cavalier. C’est un terme employé par Nabokov pour décrire l’un des procédés stylistiques de Jane Austen. Il s’agit d’un décalage, d’un recul par rapport à l’action, à ce qui est décrit afin de percevoir la réalité différemment. La littérature féminine explore cela : chercher ce qui constitue l’âme, la conscience, les sentiments. Geneviève Brisac donne une très belle définition de ce que représente écrire pour elle et certainement est-ce le point commun des écrivains dont elle parle : « Écrire : nommer ce que nous vivons d’innommé et d’innommable, de confus. Écrire : interroger cet état somnambule qu’est presque toute vie. Nous ne savons ce que nous faisons, et sommes bouts de bois ramés flotillant sur la mer. L’enfant en nous le sait. » Cette définition colle parfaitement au travail de Virginia Woolf qui cherchait à capter les milliers de sentiments qui nous traversent.

A travers ce court mais passionnant essai, Geneviève Brisac rend hommage à la littérature au féminin, à ces voix libres et sincères qui tentèrent de décrire la matière de la vie. Un essai brillant qui donne envie de découvrir tous les romans cités !

Les éditions Points vous proposent de gagner 5 exemplaires de « La marche du cavalier ». Voici la question à laquelle vous devez répondre :

Dans quel roman Virginia Woolf parle-t-elle du mouvement des suffragettes ?

Vous avez jusqu’au 1er mai pour m’envoyer vos réponses à l’adresse suivante : plaisirsacultiver@yahoo.fr

J’attends vos réponses !

Merci à Julie et aux éditions Points.

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24 réflexions sur “La marche du cavalier de Geneviève Brisac

  1. Merci pour ce nouveau concours mais au secours! je me rends compte que beaucoup de ces femmes écrivains me sont complétement inconnues.
    Je participe donc.
    Bonne et ensoleillée journée!

  2. Je suis très heureuse et reconnaissante de cette découverte puisque l’écriture féminine est un sujet qui me passionne (il s’agit de mon sujet de recherches universitaires depuis quelques années maintenant). Et, vois-tu, malgré de nombreuses lectures, je ne connaissais pas du tout cet essai sur lequel je vais jeter mon dévolu dès demain.
    Abordant le même sujet, « Une chambre à soi » de V.W. reste LA référence, mais « Lait Noir », d’Elif Shafak ou encore « Le Journal de la création », de Nancy Huston sont passionnants. Et -bien entendu- il ne faut pas passer à côté des travaux d’Hélène Cixous, la grande prêtresse de l’écriture féminine !
    Je m’arrête là, je vais me transformer en catalogue !
    En tout cas, merci infiniment 🙂

    • Je suis contente de te l’avoir fait découvrir, il va beaucoup intéresser. Je ne sais pas si tu as vu mais Lydie Salvayre vient de publier un livre sur 7 femmes écrivains. Merci pour tes conseils de lecture, je viens de découvrir Elif Shafak et j’ai très envie de lire d’autres romans d’elle.

      • Oui, en effet le l’essai de Lydie Salvayre intéressant, il aiguise bien ma curiosité aussi ! L’essai d’Arnaud Cathrine : Nos vies romancés (où il évoque Jean Rhys) pas mal aussi. D’ailleurs en lisant cet essai j’ai pensé à la marche du cavalier de G. Brisac.

  3. Voilà, je l’ai acheté ce matin et compte bien le lire dans les jours à venir 🙂 Merci encore.
    Ah non, je n’avais pas vu pour le livre de Lydie Salvayre. Je vais me renseigner de ce pas, d’autant qu’il s’agit d’une auteure que je souhaite lire depuis longtemps. J’avais assisté à l’intervention d’une doctorante qui mettait en lien son oeuvre avec celle de Rabelais, et son petit univers semblait assez cocasse et brillant. Très attirant en tout cas !
    A bientôt.

  4. J’aime beaucoup cette image de la marche du cavalier !!!! Je pense lire cet essai dès que j’aurai le temps et je regrette bien de ne pas avoir pu jouer…. Si tu n’avais pas parlé de cet essai, je serai passé à côté

Répondre à titine75 Annuler la réponse.

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