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Châtelet-les Halles. Pour les autres passagers de la rame, ces mots signifient une station de RER, un carrefour de plusieurs lignes au centre de Paris, un endroit à éviter après 1h du matin. Pour Fatoumata, c’est l’Eldorado, le cœur de cette capitale si hautaine et pourtant tant désirée. Elle y était déjà venue avec sa bande de copines mais sans argent, l’après-midi s’était révélé frustrant. Pas question de voler quoique ce soit contrairement à ce qu’avait suggéré Oumou. Fatoumata ne voulait pas causer de problème à sa mère qui faisait ce qu’elle pouvait pour élever ses trois enfants. Elle avait attendu son heure, le moment où elle pourrait déambuler dans le labyrinthe des Halles en sachant qu’elle pourrait acheter ce qu’elle voulait.
Et ce moment, c’était aujourd’hui. Fatoumata était euphorique. Elle était partie tôt de chez elle pour bien profiter de sa journée et parce qu’elle n’en pouvait plus d’attendre. Dans son lecteur mp3 tournait en boucle le tube interplanétaire de Pharrell Williams, « Happy ». La parfaite illustration de son humeur.
Fatoumata avait trouvé un boulot chez IKEA le week end. Elle était caissière. Rien de bien glorieux mais ça allait aider sa mère à payer ses études à l’IUT. Enfin, c’est ce qui était prévu…
Le problème, c’est que Fatoumata n’a pas résisté lorsque sa première paye est tombée. Elle s’est précipitée aux Halles. Tout son argent y est passé en jeans, petits hauts décolletés pour les soirées et bijoux fantaisie. Elle a réussi à en cacher une partie dans son sac en toile. L’essentiel est que sa mère ne voie pas tout. Fatoumata ne savait pas comment elle allait se justifier si sa mère lui demandait des comptes. Mieux valait ne pas y penser maintenant, ne pas gâcher ce moment.
Because I’m happy
Clap along if you feel like a room without a roof
Because I’m happy
Clap along if you feel like happiness is to you
Because I’m happy
Clap along if you feel like that´s what you wanna do
Ah que j’aime ! Ton texte et ces petites minettes !
Malgré tout, elles arrivent à garder un peu d’insouciance ! Merci !
Il en faut aussi un peu de l’insouciance! J’ai cru que tu brossais le portrait, très réaliste , d’une de mes filles.
J’espère qu’elle sera quand même moins dépensière que ma Fatoumata !!!
j’aime…réaliste…la première paye pour exploser les frustrations… ensuite on rentre dans le « rang » !
Merci ! J’espère qu’elle va rentrer dans le rang !
je suis agréablement surprise !!
quelle belle inspiration !! le sac contient donc des trésors !!
l’habit ne fait pas le moine !!
bonne journée- amitiés-
Merci Lydie ! Oui des trésors de fringues pour supprimer les frustrations !
Joli texte
Merci Pierre !
Savourer l’instant…
Avant de se faire sermonner sévèrement par sa mère !!! 😉
combien de temps faudra-t-il à Fatoumata pour se rendre compte que ce bonheur d’acheter devient vite insatiable?
belle idée pour cette photo, on voit en effet qu’elle a (peut-être) fait du shopping!
Merci, oui je me suis dit qu’elle avait fait un tour à Paris pour faire les boutiques et soulager sa frustration habituelle !
Bien vu le côté hyper réaliste qui contraste avec sa belle insouciance ! Ah oui, puis zut, nous n’avons qu’une vie !
Merci ! Je suis toujours frappée par le poids qui pèse souvent sur ces jeunes filles de banlieue à un âge où elles ne devraient penser qu’à s’amuser. Je voulais lui donner un peu de légèreté même si cela ne dure qu’un temps !
Tu as bien fait ! 🙂
Je découvre Pharrell Williams et comme Fatoumata, j’aime beaucoup. Merci!
Il peut aider à garder sa bonne humeur et à chasser les idées noires !
ça me rappelle ma première paye claquée en fringues aussi, en un rien de temps. Et la rage des poches vides qui s’en est suivie, un vrai vaccin. 😀
😉 Se faire plaisir peut être un peu douloureux après ! J’espère que Fatoumata apprendra la même leçon !
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Claquer son argent dans les fringues (ou dans les livres), ça fait parfois du bien au moral. En grandissant, Fatoumata apprendre à se faire plaisir de temps en temps, dans la mesure du raisonnable. Là, ce n’est plus une ado mais pas non plus une adulte….
Je suis bien d’accord, ça fait parfois un bien fou de se lâcher !
Un très beau texte sur l’insouciance 🙂
Merci beaucoup !