Une photo, quelques mots (147ème) – Atelier d’écriture de Leiloona

3198545545_f27143f086_o© Romaric Cazaux

Début juillet 1973, ils étaient arrivés en début de semaine à Juan-les-Pins. Comme l’année dernière et  l’année d’avant, ils avaient réservé un petit bungalow au camping Rossignol d’Antibes. Des vacances un peu plus chères que lorsqu’ils partaient en Vendée. Mais les congés de juillet étaient les seuls où ils partaient. Le seul luxe de l’année, le seul moment où ils quittaient leur appartement de Meudon. Ils économisaient durant l’année pour s’offrir le soleil et la chaleur en juillet.

Le rituel était toujours le même. Le matin, il écoutait la radio, lisait le journal auquel le camping était abonné. Elle allait faire les courses pour le déjeuner à la supérette du bas de la rue. Elle prenait son temps, faisait connaissance avec ses voisins de bungalow qui, eux aussi, venaient ici depuis plusieurs années. Le déjeuner se déroulait sur la petite table pliante en formica installée devant le bungalow. Ils profitaient du plein air, se racontaient les petits riens de leur matinée. Une petite sieste concluait le repas.

Il était ensuite temps de se diriger vers la plage, ils étaient là pour ça. Les sacs avec les maillots de bain, les serviettes, les bouteilles d’eau, les attendaient dans la voiture. Arrivés sur la plage, ils installaient leur éternel et infatigable parasol à grosses fleurs orange sur fond marron. Elle aimait se baigner en mer pour ensuite se sécher au soleil, sentir sa chaleur envahir tout son corps. Lui préférait rester hors de l’eau, il n’avait jamais appris à nager. Il regardait la mer et le ciel se confondre au lointain. Il observait ses congénères étalés sur leur serviette, se laissant dorer par le soleil assommant de juillet.

L’après-midi s’écoulait doucement, dans une torpeur languide. Chaque après-midi ressemblait aux autres, la monotonie des jours d’été, finalement pas si différente de celle du reste de l’année, s’installait.

Le déclin du soleil les faisait reprendre la voiture, pour rejoindre le bungalow, pour s’ennuyer ailleurs.

Une journée ordinaire de juillet 1973 à Juan-les-Pins.

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29 réflexions sur “Une photo, quelques mots (147ème) – Atelier d’écriture de Leiloona

  1. tu me fais sourire, ça m’évoque un peu les vacances ardéchoises de mes parents, toujours au même endroit où ils connaissent tout le monde et où, forcément, il n’y a plus rien de neuf à voir 😉

    • Beaucoup de personnes fonctionnent ainsi. Le bon côté c’est que tu retrouves des amis là-bas. Le mauvais côté, c’est que tu n’as plus rien à découvrir ! C’est un choix !

    • Je ne sais pas pourquoi cette photo m’a évoqué l’ennui de vacances répétitives car je n’ai jamais connu ça. Pour certains, la répétition est rassurante mais ça ne donne pas très envie quand même !

    • Comme je le disais au-dessus, certains trouvent ça particulièrement rassurant de se perdre dans des habitudes. Je trouve ça plutôt triste de ne pas se laisser tenter par autre chose.

    • C’est encore autre chose de ne rien faire en vacances (ce que je recommande bien entendu !). Ici, ce sont plutôt des gens qui revivent sans cesse les mêmes vacances. Merci pour tes voeux, excellentes et belles fêtes à toi aussi.

  2. MAis ce n’est pas forcément une mauvaise chose de refaire toujours pareil. Il y a des gens que ça rassure 😉

  3. Refaire encore et encore des activités qui apportent du bonheur, pourquoi pas. Pour certains, la nouveauté fait plus peur qu’autre chose, alors ils sont bien dans leur petite routine.

    • C’est vrai, je crois qu’avec l’âge la routine apporte une certaine sécurité. Et il n’est pas toujours facile de sortir de ses habitudes.

  4. Pingback: Feu d'artifices de Noël (Atelier d'écriture) | Bric à Book

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