Maxence regardait défiler ce morne paysage de plaine en s’interrogeant sur la date de sa dernière visite. C’était il y a au moins huit mois, c’était pour les 80 ans de sa grand-mère Camille. Les circonstances étaient tellement plus joyeuses qu’aujourd’hui. Toute la famille était pour une fois réunie autour de Camille, pour la fêter. C’était également autour d’elle que la famille allait à nouveau se retrouver cet après-midi mais cette fois c’était pour lui dire adieu.
Maxence voyait partir avec sa grand-mère tous ses souvenirs d’enfance. Il passait toujours une partie de l’été à Saint-Hilaire avec ses cousins. Lui, l’enfant unique, se réjouissait toujours de ces moments de partage. Le mois de juillet avait le goût du riz au lait de sa grand-mère, des fraises et des framboises du petit jardin entretenu patiemment par son grand-père, il sentait les foins coupés et résonnait comme les cris de ses cousins lorsqu’ils se jetaient dans la rivière.
Tous ces instants semblaient maintenant si loin à Maxence, comme un doux rêve, un paradis perdu. Il n’avait pas réalisé avant aujourd’hui à quel point ils furent heureux et à quel point tout cela lui manquait. Il avait grandi, c’est tout. Son enfance s’était évaporé sans qu’il en prenne conscience. Sa vie était devenue tellement sérieuse, il fallait obtenir des diplômes, un travail, fonder une famille, posséder le dernier matériel high tech. La fantaisie avait déserté sa vie et tout avait pris une importance démesurée. Importance qui l’empêchait de venir voir ses grands-parents, tous les prétextes étaient bons pour ne perdre son temps si précieux à Saint-Hilaire.
A la mort de son grand-père, il s’était pourtant promis de descendre plus souvent, d’appeler sa grand-mère pour l’alléger quelques instants du poids de sa nouvelle solitude. Mais non, il n’en avait rien fait, il avait continué à se réfugier dans son égoïsme et ses préoccupations mesquines. Comme il regrettait aujourd’hui de ne pas avoir accompagné sa grand-mère en croisière…. Il n’aurait dorénavant que ses regrets et le souvenir de son sourire éternellement bienveillant .
C’est chouette tous ces textes qui s’enchainent, même si celui-ci est infiniment triste.
Ça n’était pas du tout prévu au départ lorsque j’ai écrit le premier texte. Ce sont les photos qui m’ont évoqué Camille.
Ah nos grands-parents ! Ils savaient nous réunir tous autour d’eux ! Un texte extrêmement touchant qui m’a replongée dans le souvenir de ces 15 heures d’avion que j’ai eu à faire un jour pour dire adieu à ma grand-mère adorée… les regrets en moins car on avait pris soin toutes les 2 de vivre intensément nos moments partagés et tout se dire. Merci pour ce souvenir même s’il ne se passe pas un seul jour où je ne pense à elle. Bon allez, vais rattraper mon maquillage qui s’est barré avec les larmes pour poursuivre mes lectures 😉
Merci pour ton message qui me touche, je suis désolée d’avoir fait couler ton maquillage mais je suis également ravie de t’avoir rappelé de jolis souvenirs avec ta grand-mère.
C’est beau et émouvant ce train des souvenirs !
Merci beaucoup Sabine !
Oui, c’est souvent quand c’est trop tard qu’on prend l’importance de nos proches … triste et nostalgique.
Il ne faudrait jamais oublier que personne n’est éternel et qu’il faut profiter des moments partagés.
Joli évocation des vacances et de l’amour des grands-parents. J’ai particulièrement aimé le deuxième paragraphe, avec tous les petits détails d’une vraie enfance.
Le temps ne passe pas à la même vitesse pour les jeunes et les vieux, alors les regrets sont inévitables.
Merci Adèle pour ton message. Oui le temps passe toujours trop vite et on aimerait en avoir plus avec les gens que l’on apprécie.