Le Centre Pompidou nous a offert cet été une splendide et exceptionnelle rétrospective de l’oeuvre du photographe américain Walker Evans (1903-1975). Son travail est surtout connu grâce au livre écrit avec James Agee « Louons maintenant les grands hommes » publié en 1941. Il s’agit d’un reportage réalisé en 1936 auprès de trois familles de métayers d’Alabama. Tous deux s’attachent à décrire le quotidien, la vie ordinaire de ces familles plongées dans la pauvreté. En plus cette série, Walker Evans photographie également les dockers, les vagabonds, les autres perdants de la Grande Dépression.
Allie Mae et Floyd Burroughs, 1936
Le quotidien, l’ordinaire, le domestique sont la base du travail de Walker Evans. Pour valoriser le vernaculaire, le photographe établit également un style photographique proche du documentaire. Une neutralité, une absence d’effets esthétiques qu’il a cherché à atteindre et qui n’était pas son style au début de sa carrière. Il utilisait alors les gros plans, les contre-plongées, les cadrages très recherchés.
New York city corner, 1929
Son regard change lorsqu’il accompagne Lincoln Kirstein, un jeune étudiant de Harvard, en Nouvelle Angleterre pour photographier les maisons à l’architecture victorienne. Walker Evans donne dorénavant la primauté au sujet et disparaît derrière lui.
Suite à cela, le photographe s’intéresse à tout ce qui fait le quotidien des américains : les enseignes, les publicités, les portes, les monuments, les églises, les devantures de magasins. Il réalise des séries, parfois photographie des séries d’objets comme pour un catalogue. Il est lui-même un grand collectionneur d’enseignes, de cartes postales. Les objets, le vernaculaire constituent la culture populaire qui est pour lui l’essence même de l’identité américaine.
Truck and sign, 1928-1930
Il va jusqu’au bout de la démarche et donne à voir le gâchis de la production d’objets en masse. Notre société de consommation produit également beaucoup de détritus, de ruines. Ils sont le revers du rêve américain et de la modernité.
Les personnes, que Walker Evans photographie, sont bien évidemment le peuple anonyme, les travailleurs qui quittent leur travail, prennent le métro. Il les surprend et les immortalise dans leur quotidien.
Subway portrait, 1938-1941
Walker Evans est un artiste d’exception qui a su inventer un style correspondant à ce qu’il photographiait et qui a su capter l’américanité dans le vernaculaire, le quotidien.
Mince, je l’ai loupée 😦
C’est dommage, c’était une expo vraiment très intéressante.
Magnifique photographe !
Oui, ses photos permettent de mieux comprendre l’Amérique populaire.
ouaaaaaaaaaaahh…quand on pense avec les nouvelles du droit a l’image, on perd toutes ces photos….en tout cas superbes..
C’est aussi ce que je me dis lorsque l’on parle de ce droit à l’image. Pas de photos à la sauvette, pas de Cartier-Bresson, de Doisneau, de Walker Evans pour ne citer que ces trois-là.
J’ai beaucoup aimé cette expo, j’ai d’ailleurs ramener quelques cartes pour accrocher dans mon salon dont le fameux DAMAGED 🙂
« Damaged » est une de mes photos préférées de l’expo ! J’ai également ramené des cartes et un magazine tellement j’ai aimé !
Je connaissais déjà ce photographe de nom, merci pour toutes ces infos et ces exemples !
J’en ai appris beaucoup sur lui grâce à cette expo, comme toi je ne connaissais que quelques photos.
Le couple Burroughs représente bien la grande dépression de l’époque. J’imaginais les personnages des Raisins de la colère, ainsi.
Oui, c’est tout fait ça, on pense tout de suite à Steinbeck et à l’adaptation de John Ford.
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