La maison hantée de Shirley Jackson

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« Aucun œil humain n’est capable d’isoler l’élément précis, qui, dans la composition malheureuse des lignes et des espaces, donne une allure diabolique à une maison. Il y avait là cependant un je-ne-sais-quoi – une juxtaposition insensée, un angle mal conçu, une rencontre hasardeuse entre ciel et toiture -, par lequel Hill House respirait le désespoir. Vision d’autant plus terrifiante que la façade semblait en éveil, avec ses fenêtres sombres évoquant les yeux d’un vigile, surmontées de temps à autre par le sourcil inquiétant d’une corniche. » C’est dans cet étrange endroit que le docteur Montague a choisi de mener des recherches sur les phénomènes paranormaux. Pour l’accompagner, il a sélectionné des personnes sensibles et réagissant à ce type de manifestations. Eleanor est la première à arriver dans la lugubre demeure. Elle s’est occupée pendant des années de sa mère malade et attend qu’enfin il se passe quelque chose dans sa vie. C’est par une pure curiosité que Theodora se décide à se rendre à Hill House. Luke, qui arrive avec le docteur, n’est là que pour surveiller ce qui se passe dans la maison dont sa famille est propriétaire. Ils sont tous les quatre accueillis par le couple de domestiques, M. et Mme Dudley, aussi patibulaire que l’allure de la maison. Tout le monde étant arrivé, l’expérience du docteur Montague va pouvoir débuter.

Le film de Robert Wise, adapté du roman de Shirley Jackson, m’avait beaucoup plu. J’ai découvert récemment que le roman existait en français et j’ai retrouvé l’ambiance du film. Si vous cherchez du spectaculaire, des fantômes remuants et violents, passez votre chemin. « La maison hantée » n’est pas un livre d’horreur. Il ne s’y passe rien ou quasiment rien. Tout ce qui se déroule est hors-champs. Les principaux événements paranormaux sont des bruits dont on ne connait pas l’origine. Le roman est avant tout une histoire d’atmosphère et de psychologie. Comme dans « Nous avons toujours vécu au château », Shirley Jackson sait créer une atmosphère sombre, malveillante, inquiétante. Rien de spectaculaire dans ce qu’elle écrit. Tout se joue en fait dans les réactions des différents personnages. Comment chacun d’eux va-t-il supporter cette étrange ambiance ? Quelqu’un va-t-il craquer face à cette maléfique maison ? Chacun veut se montrer plus solide, plus fiable que son voisin. Mais devant des portes qui se ferment toutes seules, il est parfois difficile de garder son sang-froid. Ils sont tous les quatre enfermés, pris au piège et Shirley Jackson les observe comme s’ils étaient des rats de laboratoire. « La maison hantée » joue avec l’imagination de ses personnages et de ses lecteurs. L’angoisse naît de ce que l’on ne voit pas et à aucun moment l’auteur ne nous explique ce qui se passe dans la maison. C’est un roman sur la peur qui peut nous faire perdre pied et perdre la raison.

« La maison hantée » est un huis-clos inquiétant, psychologique qui joue avec les peurs primales des personnages et des lecteurs.

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15 réflexions sur “La maison hantée de Shirley Jackson

    • C’est vrai que tout se passe par ce biais là, les personnages sont quasiment des rats de laboratoire dont l’auteur teste les réactions face à des phénomènes inexpliqués.

    • C’est vraiment un film très intéressant, tout est hors-champs, tout n’est que bruits. C’est beaucoup inquiétant que lorsque le mal est incarné et visible.

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