
Doris est née en Angleterre dans une famille de cultivateurs de choux. Enfant, elle a été enlevée par des trafiquants pour être vendue en Aphrika comme esclave. Après avoir vécu dans une famille qui l’avait achetée pour être la compagne de leur fille, elle tombe dans les mains du chef Kaga Konata Katamba Ier qui marque au fer rouge ses initiales sur la peau pâle de Doris. Au fil des années, elle a réussi à devenir la secrétaire privée du chef ce qui lui évite les terribles traitements subis par ceux qui travaillent dans les plantations. Malgré sa situation enviable, Doris, rebaptisée Omorenomwara, rêve de retrouver sa liberté, son pays et sa famille.
« Des racines blondes » est le troisième roman de Bernardine Evaristo que je lis et décidément j’adore son univers et l’originalité de ses textes. Ce dernier roman publié en France est une uchronie qui inverse la situation des blancs et des noirs. Ce sont les européens qui sont les esclaves des africains. Les préjugés raciaux sont repris : les blancs ont un crâne trop petit pour que leur cerveau se développe, ils sont donc barbares et n’éprouvent que des émotions émoussées. Chaque esclave rêve d’avoir la peau bronzée et le nez épaté. Les blancs sont tellement semblables avec « (…) leur pâleur de fantômes » que leurs maîtres peinent à les différencier. La satire est particulièrement réussie et montre la totale absurdité de la domination d’un peuple sur un autre. Au milieu du roman, Bernardine Evaristo glisse un traité de cinquante pages sur « la véritable nature du commerce des esclaves & remarques sur le caractère et les coutumes des européens » écrit par chef Kaga Konata Katamba Ier. Ce texte ferait sourire s’il n’était pas si réaliste dans sa façon de justifier l’esclavage.
Pari réussi pour Bernardine Evaristo qui inverse les couleurs et souligne la violence, la stupidité de l’esclavage et du racisme.
Traduction Françoise Adelstain

Quelle excellente idée que cette inversion ! Il faut ensuite tenir le propos sur la longueur, mais c’est visiblement mission accomplie ici. Je le note, cette autrice sera une découverte pour moi.