Le temps des vacances, le temps de lire à sa guise…15 lectures à mon actif et je vous ai déjà parlé des livres suivants :
-Le fitzgeraldien et réjouissant « A sky painted gold » de Laura Wood,
-« La plage » de Cesare Pavese qui ne m’a pas totalement convaincu,
-« La librairie sur la colline » d’Alba Donati qui rend hommage aux librairies indépendantes et aux amoureux des livres,
-le tome 3 des Chroniques de la place carrée de Tristan Saule toujours aussi noir et réussi que les précédents,
-« La ballade du feu » d’Olivier Mak-Bouchard qui nous plonge à nouveau dans la nature sauvage du Luberon et les légendes.
Je vous parlerai de mes autres lectures au fil du mois de septembre.
Côté cinéma, je n’ai pu voir que quatre films :

Sandra, une écrivaine, reçoit chez elle une étudiante qui souhaite l’interviewer. Rapidement, le dialogue devient impossible. Samuel, le mari de Sandra, a mis la musique à fond probablement par jalousie. Lui aussi voudrait être écrivain mais l’inspiration lui manque. Sandra raccompagne l’étudiante et monte ensuite dans sa chambre. Plus tard dans la journée, Daniel, l’enfant malvoyant du couple, trouve, en rentrant de balade, le corps inerte de son père en contrebas de leur maison. Sandra est rapidement soupçonnée d’avoir assassiner son mari et elle fait appel à un ancien ami avocat pour la défendre.
« Anatomie d’une chute » a tout d’une intrigue policière à la tension grandissante. Sandra a-t-elle tué son mari ? Daniel invente-t-il des souvenirs pour sauver sa mère ? Le doute est présent durant tout le film et le spectateur ne cesse de s’interroger sur Sandra. Ce personnage est passionnant, complexe, ambigu et il est formidablement incarné par Sandra Hüller. Les scènes au tribunal sont particulièrement réussies, Antoine Reinartz incarne un avocat général d’une arrogance insupportable. Dans ce lieu, se joue le cœur du film : la dissection d’un couple. Leur vie est exposée dans les moindres détails. Sandra et Samuel étaient deux créateurs qui s’entredéchiraient : bataille d’ego, jalousie, trahison, tromperie sexuelle, déséquilibre dans le partage des tâches quotidiennes. Samuel semblait ne plus trouver sa place dans son couple mais était-il la victime qu’il prétendait être ? N’était-il pas simplement jaloux du succès de sa femme ? Où est la vérité ? Autre personnage essentiel à l’intrigue : Daniel, le fils, qui montre une maturité et un aplomb fascinants (Milo Machado Graner est parfait). Son rôle, ses témoignages seront décisifs. L’écriture du film (écrit par un couple : Justine Triet et Arthur Harari) est remarquable, les acteurs fabuleux (je n’ai même pas parlé de la prestation du toujours impeccable Swann Arlaud), l’ambiance tendue de bout en bout. Oui, « Anatomie d’une chute » méritait bien une palme d’or.
Et sinon :
- « Yannick » de Quentin Dupieux : Alors qu’il assiste à une pièce de boulevard intitulée « Le cocu », Yannick se lève et interrompt la représentation. Il n’apprécie pas le spectacle, le trouve nul et voudrait réécrire le texte. Yannick ne peut pas venir souvent au théâtre, il vient de loin et travaille de nuit. Alors quand il peut se permettre de sortir le soir, il faut que ça en vaille la peine. Les trois comédiens ne sont évidemment pas d’accord et tentent de le faire sortir. Yannick sort alors un revolver. En général, j’apprécie beaucoup l’univers décalé et absurde de Quentin Dupieux. « Yannick » fait partie de ses meilleurs films. Il s’agit d’un huis-clos, la mise en scène est sobre et rien d’incongru, en dehors de Yannick, n’intervient. Le personnage principal fait partie de ceux qui n’ont pas accès à la culture, il n’a pas les codes. Ses revendications en plein spectacle, qui peuvent s’entendre, créent un malaise, il est difficile d’imaginer comment tout cela va se terminer. Les acteurs, sur qui tout le film repose, sont exceptionnels avec un Raphaël Quenard et un Pio Marmaï très, très en forme. Leurs prestations justifient à elles seules ce film.
- « La bête dans la jungle » de Patric Chiha : C’est dans une boîte de nuit que May recroise la route de John. Ils s’étaient connus au moment de l’adolescence, ils sont désormais adultes. John est pourtant toujours obsédé par la même idée : quelque chose va lui arriver et cela va tout changer. Alors, il a décidé d’attendre. May, convaincue par son idée, reste à ses côtés. Le film de Patric Chiha est adapté d’une nouvelle d’Henry James. Le réalisateur a choisi d’enfermer ses deux personnages en boite de nuit de 1979 à 2004. Sur le dancefloor défilent tous les styles de musique, toutes les époques (l’arrivée de la gauche au pouvoir, le sida, …). L’idée de transposer l’intrigue dans une boite de nuit est judicieux. Les deux protagonistes restent en retrait, ne dansent quasiment pas et sont spectateur de la vie. Ils attendent, longuement, mais rien n’arrive et le film retranscrit bien l’ennui. Un peu trop même, j’ai trouvé le temps un peu long en compagnie de May et John.
- « Strange way of life » de Pedro Almodovar : Après « Barbie » commandé par Mattel, voici le court-métrage de cowboys par Yves St Laurent ! Le shérif Jake reçoit la visite de Silva dont le frère est recherché. Vingt cinq ans plus tôt, ces deux-là ont passé une nuit ensemble qu’ils n’ont pas pu oublier. Le désir entre eux n’a jamais disparu même si le rationnel Jake ne veut pas le reconnaître. Le court-métrage tourne autour de l’opposition entre les deux hommes. Almodovar utilise la forme très classique du western pour parler de son thème de prédilection : le désir. Rien de révolutionnaire et bizarrement j’aurais plutôt préféré connaître la suite de l’histoire de Jake et Silva, celle de deux cowboys vieillissant qui rêvent de calme et de tranquillité.
Bonjour, concernant Anatomie d’une chute, même si je considère que c’est un très bon film, je ne lui aurais pas forcément donné la Palme d’Or. Concernant Yannick, j’ai beaucoup aimé le premier quart d’heure, après, je me suis sentie très mal à l’aise. C’est certainement fait exprès et j’avoue que je ne suis pas fan de Raphaël Quenard. Bonne après-midi.