Un château au loin de Lord Berners

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Dans « Une enfance de château », nous avions quitté notre cher Gerald Hugh Tyrwhitt-Wilson, futur Lord Berners, à Elmley qu’il quitte au printemps 1897 à 14 ans et demi avec un volume des Poèmes de Scott sous le bras. La question de la carrière du jeune homme se pose alors de manière récurrente. « On me fit comprendre que j’allais devoir gagner ma vie, alors que j’étais entouré de personnes qui semblaient n’avoir d’autre préoccupation que de se divertir, ce que je trouvais d’une injustice flagrante. Pourquoi mon grand-père, à l’immense richesse, ne pouvait-il me permettre de vivre dans le confort du luxe comme mes oncles et mes tantes ? A quoi bon devenir un gentleman si c’était pour s’embarrasser d’un métier ? » Un métier artistique, auquel il aspire, étant toujours exclu, sa mère l’oriente vers la voie diplomatique. C’est donc ainsi qu’il fit son entrée à Eton. Il y rencontra sensiblement les mêmes problèmes qu’à Elmley puisque les sports collectifs y restent « le test ultime de la perfection morale et sociale ». Il réussit néanmoins à éviter le cricket qu’il déteste au grand désarroi de sa mère, pour se consacrer, médiocrement, à l’aviron. Il rencontra des difficultés à s’intégrer et à nouer des amitiés durables. Entre professeurs farfelus et camarades peu avenants voire brutaux, Lord Berners connaîtra quelques révélations : la découverte de la musique de Wagner et l’élégance vestimentaire. La sexualité commence également à le questionner.

Comme dans le premier volet de ses mémoires, Lord Berners souligne le poids des traditions victoriennes qui pèsent sur ses épaules. Ses domaines de prédilection ne sont pas assez virils aux yeux de sa mère qui ne jure que par la chasse et le cricket. Il reste en décalage avec son époque et ses valeurs, s’ennuyant profondément lors des réceptions données par ses parents où les hommes parlent sport et politique. Encore une fois, il faut souligner l’humour et l’ironie de Lord Berners dans le récit de ses mémoires. Son flegme anglais et son autodérision font merveille.

Je ne peux que remercier Les Cahiers Rouges de chez Grasset de nous faire connaître l’excentrique et charmant Lord Berners et ses anecdotes piquantes et parfois mélancoliques.

Traduction Valentin Grimaud

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