
1935, Suzanne Valadon est hospitalisée à l’hôpital américain après une crise d’angoisse. Elle vit un moment critique de sa vie : son mari, André Utter, l’a quittée pour une femme plus jeune et son fils, Maurice Utrillo, veut épouser la meilleure amie de sa mère. Suzanne va se retrouver seule dans son appartement-atelier de Montmartre.
Corinne Samama prend ce moment comme point de départ à son livre, ainsi que le portrait de Maurice Utrillo peint par sa mère en 1921 et qui se trouve au musée Montmartre où son atelier a été conservé. « Utrillo, mon fils, mon désastre » est le récit du parcours de Suzanne Valadon et de la relation complexe qu’elle a eu avec son fils. Devenue mère à 18 ans, elle ne ressent aucun lien avec le bébé qu’on lui présente. Après avoir été modèle pour Renoir, Toulouse-Lautrec ou Puvis de Chavanne, Suzanne compte bien à son tour devenir une artiste et elle se forme auprès de ceux pour qui elle pose. Pas question de s’embarrasser d’un enfant qu’elle laisse à sa mère qui, elle aussi, a été fille-mère.
Et pourtant, Suzanne Valadon va aussi l’aimer profondément ce fils qui sera toujours tourmenté par les démons de l’alcool, ce qui le conduira à plusieurs reprises à l’asile. Elle initie son fils à la peinture, l’encourage à travailler sans cesse. Maurice Utrillo devient d’ailleurs plus célèbre que sa mère qui gère, avec son mari, son argent pour lui éviter de la ruine.
Le roman de Corinne Samama souligne bien la modernité et la grande liberté de Suzanne Valadon vis-à-vis des conventions sociales de son époque. Elle eut une vie hors normes : en s’affranchissant de ses maîtres pour affirmer son talent de peintre et en ayant une vie sentimentale mouvementée. Son œuvre originale et audacieuse est à l’image de sa vie. Un destin atypique qui sera également celui de son fils.
« Utrillo, mon fils, mon désastre » nous replonge dans l’ambiance de la butte Montmartre à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle au cœur de la relation ambivalente de Suzanne Valadon avec son fils Maurice Utrillo. Leurs vies sont aussi passionnantes que leurs œuvres et je ne peux que vous conseiller de visiter l’atelier de Suzanne Valadon, aujourd’hui intégré au musée de Montmartre, qui est un lieu habité.