Trois étés de Margarita Liberaki

9780241475065

Trois étés à Kiphissia, petite ville située au-dessus d’Athènes, avant la seconde guerre mondiale racontés par Katerina, la plus jeune de trois sœurs, qui est impétueuse, indécise, rêveuse et indépendante. Sa sœur aînée, Maria, est sensuelle et réaliste tandis qu’Inphanta est plus froide et distante. Les trois sœurs vivent avec leur mère, divorcée, leur tante restée célibataire et leur grand-père qui a vécu douloureusement le départ de sa femme, d’origine polonaise,  lorsque ses filles étaient enfants. L’histoire de cette grand-mère scandaleuse reste un sujet tabou pour la famille et titille la curiosité de sa petite-fille Katerina.

« Trois étés » est le deuxième roman de Margarita Liberaki et il fut publié en 1946. Il fut traduit en français grâce à l’insistance d’Albert Camus mais il n’a malheureusement jamais été republié depuis alors que ses qualités sont nombreuses. « Trois étés » est un roman d’apprentissage, le récit sur trois saisons du quotidien de trois jeunes filles et de leurs proches. Tout n’est que sensation, sentiment, bruissement de la vie qui s’écoule. L’écriture de Margarita Liberaki est extrêmement poétique, lumineuse, sensible et impressionniste. La narration appartient à Katerina mais elle tend par moments vers le rêve, le fantasme et nous offre également les points de vue des autres personnages. « Je me rappelle les années passées comme si elles étaient un jour, un instant » (traduction Jacqueline Peltier) Le récit est également emprunt d’une douce mélancolie qui est renforcée par la description précise des saisons, de la disparition de l’été pour la fraîcheur de l’automne.

Margarita Liberaki a créé des personnages féminins très intéressants, très complexes, s’éveillant à la séduction, à l’amour et entrant peu à peu dans l’âge adulte en assumant des choix de vie très différents. L’ensemble des personnages féminins est d’ailleurs très moderne pour l’époque : la grand-mère qui quitte tout par amour, la mère divorcée et la tante qui choisi de ne pas se marier. Une famille atypique que l’autrice décrit avec beaucoup de tendresse.

« Trois étés » a la langueur, la sensualité et la douceur de l’été. La poésie de l’écriture de Margarita Liberaki est admirable et donne toute son intensité à ce récit d’apprentissage.

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