L’imposture de Zadie Smith

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Fin 19ème, Eliza Touchet est gouvernante chez son cousin par alliance William Ainsworth. Après avoir été mariée pendant trois ans, son mari avait kidnappé leur fils et tous deux sont ensuite morts de la scarlatine. Heureusement pour elle, son cousin décida de l’héberger. Jeune femme intelligente et déterminée, elle va également devenir la correctrice de ses romans, de qualité moyenne, et elle va côtoyer de grands écrivains dans le salon de William comme Charles Dickens et William Makepeace Thackeray. Au fil des années, Eliza reste auprès de la famille Ainsworth (elle sera très intime de Frances, la première femme de William mais de lui également !) même si la deuxième Mrs Ainsworth n’est pas à son goût. Elle vient en effet d’un milieu populaire et manque de finesse. Les deux femmes vont néanmoins se rapprocher à l’occasion d’un procès qui fit grand bruit : celui pour usurpation d’identité du supposé Sir Roger Tichborne qui était censé avoir péri en mer.

« L’imposture » est le premier roman historique de Zadie Smith qui s’amuse avec le roman victorien. Elle éclate la narration avec des aller-retours dans le temps, passant cent pages sur le destin de Mr Bogle ancien esclave jamaïcain, avec des chapitres courts, très courts parfois. Les personnages du roman sont fascinants. William Ainsworth (1805-1882) est aujourd’hui totalement oublié mais son roman « Jack Sheppard » s’est, à l’époque,  vendu davantage que « Oliver Twist ». Eliza Touchet est la véritable héroïne de ce roman, son esprit brillant, ses positions modernes et son ironie irriguent les 540 pages de « L’imposture ».

Outre celle mise en avant par le procès de Sir Roger, de nombreuses supercheries sont mises au jour dans le roman. Au cœur de celui-ci est l’abolition de l’esclavage, tout en sachant que les grandes fortunes de l’aristocratie anglaise repose sur les plantations de sucre et notamment en Jamaïque. Eliza, écossaise et femme, sait ce que veut dire être un citoyen de seconde catégorie. Mais au travers de Mr Bogle, elle découvre des vies plus humiliées que la sienne. Qui mieux que Zadie Smith pouvait évoquer toutes les hypocrisies de l’Angleterre victorienne et ses tabous notamment sur les liens qui unisse ce pays avec la Jamaïque.

« L’imposture » est un roman foisonnant à l’image des romans victoriens qu’il pastiche. Le sujet principal en est le passé colonial de l’Angleterre mais aussi le parcours d’une héroïne attachante et son chemin vers l’écriture.

Traduction Laëtitia Devaux

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