Ironopolis de Glen James Brown

Ironopolis

« Teeside était une ville de métallurgistes à l’époque, Ironopolis, on l’appelait : plus de 40 000 personnes à la fleur de l’âge qui travaillaient dans les forges, et le ciel rougeoyait toute la nuit. Par contre le boulot était rude. » Mais au fil du temps, des décisions politiques, les forges ont été démantelées plongeant les habitants dans la précarité. Les logements sociaux ne sont plus entretenus, la ville périclite. Et d’ailleurs, des promoteurs immobiliers ont décidé de racheter les vieux bâtiments pour en construire de plus modernes et surtout plus chers. Les anciens habitants vont devoir quitter la ville.

« Ironopolis » est le premier roman foisonnant et passionnant de Glen James Brown. Au travers de six chapitres, chacun dédié à un personnage, il raconte cette ville ouvrière sur plusieurs générations. S’entremêlent les histoires du caïd de la cité, de sa femme et de son fils, d’une coiffeuse accro aux courses de lévriers, d’un jeune homme découvrant l’Acid House, du libraire ambulant. Les histoires intimes de chacun se répondent, s’entrelacent au travers des lieux, des évènements marquants (accidents dans le puits de l’usine en ruines des eaux usées, disparition de jeunes filles). Au travers de ces vies, se dessine l’architecture d’Ironopolis, la mémoire du lieu.

« Non. Comme je le disais, je suis juste un mordu d’histoire locale. De l’histoire du logement social, pour être précis. Mais ça me fait de la peine que la cité soit détruite. Une fois que l’on brise une communauté, sa culture et ses histoires -ses histoires orales-, tout est perdu. J’essaie de faire ma part pour la préserver. » Le projet d’écriture de Glen James Brown est contenu dans cette phrase. Il veut souligner la richesse de ces lieux souvent méprisés et ignorés. Le folklore local est incarné dans le roman par Peg Powler, une sorte de sorcière qui vit dans la rivière et qui fait le lien entre les six personnages. Elle va elle aussi disparaître lorsque la cité ouvrière n’existera plus. Ironopolis est certes une ville fictive mais elle ressemble à toutes les villes anglaises qui se sont effondrées après une désindustrialisation massive. L’auteur raconte ce lieu, qui ressemble à celui où il a grandi, avec beaucoup de tendresse pour ses habitants.

« Ironopolis » est un premier roman à la construction époustouflante qui mélange les genres : réalisme social, fantastique, roman noir, interviews, lettres. Glen James Brown réussit avec brio son entrée en littérature en rendant hommage aux cités ouvrières du nord de l’Angleterre.

Traduction Claire Charrier

Une réflexion sur “Ironopolis de Glen James Brown

  1. Bonjour Titine,

    J’ai repéré ce titre, qui semble vraiment hors du commun, sans avoir encore pris le temps de le lire… ton billet me motive à concrétiser cette envie au plus vite !

    Et si tu le permets, je récupère ton lien pour les deux activités actuellement en cours que j’anime, l’une sur le monde ouvrier et le monde du travail (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2021/12/lire-sur-le-monde-ouvrier-les-mondes-du.html), l’autre sur la ville, en collaboration avec Athalie du blog Aleslire (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2024/09/sous-les-paves-les-pages-saison-3-15.html).

    Bon week-end,

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