Willibald de Gabriella Zalapi

Willibald

1989, une salle de vente aux enchères à Genève. Antonia vend un tableau ayant appartenu à son grand-père Willibald. « Le Sacrifice d’Abraham » de Govaert Flinck était jusque-là resté dans la famille, mais Antonia, après une nouvelle rupture sentimentale, doit s’en séparer. L’une de ses deux filles, Mara, reste fascinée par ce tableau qu’elle a toujours connu. Quand, en 2015, le directeur d’un musée de Vienne contacte la famille pour lui restituer des verres syriens du XIVème siècle ayant appartenu à Willibald, Mara quitte immédiatement Paris pour rejoindre sa mère à Livourne et plonger dans les archives de son ancêtre. Elle découvre que « Le Sacrifice d’Abraham » n’a jamais quitté son arrière-grand-père, grand collectionneur. Lorsqu’il quitte l’Autriche en 1938 au moment de l’Anschluss, il n’emporte que cette œuvre avec lui.

Dans « Willibald », Gabriella Zalapi continue à explorer les archives familiales. Willibald était un personnage secondaire dans « Antonia », une ombre qui prend ici toute la lumière. L’homme garde néanmoins une part de mystère, c’est probablement ce qui fait son charme, même pour son arrière-petite-fille. « Mara hésite, cherche ses mots. J’ai besoin de savoir qui est l’homme qui a tant aimé Le Sacrifice. Mais je n’y arrive pas. Il me glisse des mains chaque fois que je lui colle un qualificatif sur le dos. Plus je m’approche de lui, plus il se métamorphose en une matière opaque. Il attise ma curiosité avec son étonnante capacité à se remettre en selle, quelles que soient les circonstances. » Willibald est un homme pour qui « la culture et the social grace » comptaient, orphelin trop tôt, esthète et collectionneur qui a dû reprendre l’entreprise familiale. Un homme élégant, cosmopolite, aussi tendre avec Antonia qu’il a été distant avec sa fille. La vie de cet homme nous est livrée par fragments au travers des nombreux pays où il séjourna et au fil des années. Comme dans « Antonia », les souvenirs émergent des cartons d’archives. Des photos sans légende font écho au sublime texte de Gabriella Zalapi.

Une véritable grâce se dégage du portrait du charismatique Willibald qui conserve malgré tout une part de mystère. Plus encore qu’avec « Antonia », j’ai adoré m’immerger dans l’histoire de cette famille et de cet ancêtre au destin tourmenté.

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