
« Mon appétit pour le monde » est un recueil de lettres concocté par les formidables éditions L’Orma. La sélection de lettres permet de pénétrer dans l’univers de l’autrice néo-zélandaise et de mieux comprendre le milieu dans lequel elle évoluait et son processus de création grâce à la recontextualisation de chacune. Katherine Mansfield meurt à l’âge de 32 ans de tuberculose et elle a toujours vécu sa vie avec intensité comme si elle avait eu la prescience de sa brièveté. Sa liberté artistique autant que sexuelle a été le combat de sa vie. Elle a fui toute forme de conformisme, toute forme de routine quotidienne. Sa correspondance s’adresse à ses amantes comme Ida Baker, son mari J.M. Murry, des amies comme Ottoline Morrell ou Virginia Woolf qui admirait son écriture. La dernière lettre est très touchante car elle date de quelques jours avant sa mort et s’adresse à sa cousine germaine Elizabeth von Arnim.
Ce qui m’a frappée dans les lettres de Katherine Mansfield, c’est sa capacité à s’émerveiller de la beauté du monde, son appétit et sa curiosité pour la vie et les relations humaines dont elle se nourrissait pour écrire. Sa plume retranscrit parfaitement cela : « Je suis à nouveau ici, chez moi, mes murs me livrent leurs secrets et leurs ombres les plus profondes. Je m’y promène seule en souriant, un châle de soie enveloppant mon corps, des sandales aux pieds. Je m’allonge sur le sol en fumant et en écoutant. Je regarde parfois par les fenêtres et, la nuit et au coucher du soleil, j’observe le ciel. Tout est merveille. Les fleurs font mon bonheur, l’eau et mon village russe, Bouddha et les jouets. Et puis je lis de la poésie, j’étudie et je recommence à écrire. »
Comme toujours, les plis sont un excellent moyen de découvrir la plume d’un auteur et d’appréhender sa biographie. Je ne peux que vous conseillez la lecture de celui-ci si vous souhaitez connaître cette formidable autrice qu’était Katherine Mansfield.
Traduction Margaux Bricler