En 2019, Hélène et Constance Dacieux font l’acquisition du château d’Apresort qui fut la demeure de l’écrivain Francoeur, née Anna Dupin, de 1852 à sa mort en 1910. En rénovant le château, elles trouvèrent des lettres inédites, une correspondance entre Francoeur et une jeune admiratrice. Dans ses lettres, Anna revient sur sa vie : son enfance heureuse dans le Berry avec ses frères jumeaux, Isidore et Marceau, qui prit fin au décès de leur mère en couches, sa vie de bohème pauvre à Paris où s’installa son père, peintre rêvant de participer au Salon. Elle y décrit ses difficultés à s’affirmer en tant qu’écrivain, celles de ses frères eux aussi artistes, les temps troublés, les affrontements dans Paris et son engagement politique mais aussi ses rêves de jeune fille en quête d’amour.
« Francoeur », écrit à quatre mains par Marie-Aude Murail et sa fille Constance Robert-Murail, est une formidable fresque historique et familiale. La vie d’Anna Dupin et de ses frères et sœur (je vous laisse le plaisir de découvrir le destin singulier de la flamboyante et fantasque Olympia) est captivante et semée de péripéties. Les autrices nous plongent dans le Paris de la génération romantique, celui de la révolution de 1848, des barricades, de la fin du règne de Louis Philippe et de la proclamation de la République par Lamartine. Elles décrivent également l’apprentissage de la vie d’artistes : les salons pour Isidore, l’écriture dans la presse pour Anna et Marceau et les difficultés pour une femme d’être reconnue. Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail s’inspirent de George Sand, Rosa Bonheur ou Sarah Bernhardt pour inventer des personnages immédiatement attachants que l’on suit avec bonheur au fil des pages.
« Francoeur, à nous la vie d’artiste » est un roman qui se dévore tant la vie de la famille Dupin est trépidante. J’ai vraiment hâte de découvrir le deuxième volume.
