Le mur invisible de Marlen Haushoffer

En cette fin de mois d’avril, la narratrice part passer quelques jours dans le chalet de sa cousine et de son mari. Elle est veuve, ses filles sont adultes, elle a du temps pour elle. Le lendemain de son arrivée, elle se réveille seule dans la maison isolée en pleine forêt. Après avoir cherché ses amis, elle découvre qu’un mur invisible la sépare du reste du monde. De l’autre côté, tout semble pétrifié. Heureusement, elle n’est pas complètement seule : un chat, un chien et une vache vivent dans le chalet. Grâce à eux, elle imagine que sa survie est possible et elle réapprend à travailler la terre, à vivre au rythme des saisons.

« Le mur invisible » végétait dans ma pal depuis longtemps, après le déferlement d’avis positifs, j’attendais de retrouver l’envie de le découvrir. Il est vrai qu’il s’agit là d’un roman surprenant. Marlen Haushofer l’a écrit en 1963, en pleine guerre froide et avec la peur d’une attaque nucléaire. La catastrophe, qui isole la narratrice, ne sera à aucun moment explicitée dans le roman comme c’est le cas également dans « La route » de Cormac McCarthy. Ce n’est pas ce qui intéresse l’autrice. Elle nous raconte ici un retour à la nature, à l’essentiel, loin d’une société oppressante. « Je n’avais qu’à attendre et à attendre encore. Ici tout vient en son temps, un temps qui n’est pas harcelé par des milliers de montres. Rien ne pousse ni ne presse. Je suis la seule à être impatiente dans cette forêt et à en souffrir. » 

La narratrice se bat jour après jour pour assurer sa survie et celle de ses animaux. Elle apprend à s’habituer à la solitude, au silence, aux labeurs des champs. Les tâches accomplies sont un peu répétitives et pourtant je suis restée accrochée à l’intrigue. Une certaine tension se dégage en effet du récit. La narratrice écrit son journal à posteriori et elle évoque certains évènements tragiques qui tiennent en haleine le lecteur. Le style est simple, très fluide et il contribue également au plaisir de lecture.

« Le mur invisible » est un roman surprenant, proche du nature writing et profondément humaniste.

Traduction Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon

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