La paix des ruches d’Alice Rivaz

« Je crois que je n’aime plus mon mari. » C’est ainsi que débute le journal de Jeanne Bornand. Elle y raconte les désillusions de son mariage avec Philippe, avec qui elle n’a volontairement pas eu d’enfant, mais aussi ses conversations avec ses collègues de bureau. Son quotidien lui inspire des réflexions sur la condition des femmes, leur rapport aux hommes, à l’amour et au mariage.

« La paix des ruches » a été publié en 1947 et les thèmes abordés par Alice Rivaz sont d’une grande modernité. Jeanne est avant tout une amoureuse, c’est ce sentiment qu’elle aimerait perpétuellement ressentir et que le quotidien du mariage flétrit. « C’est  que nous étions des amoureuses, et qu’ils ont fait de nous des ménagères, des cuisinières… Voilà ce que nous avons peine à leur pardonner. » Alice Rivaz évoque la soumission des femmes au confort de leur mari et de leur double journée de travail. Elle parle également de la tyrannie de la beauté, de l’apparence qui régissent la vie des femmes. Le manque de confiance en soi, l’importance du regard des autres poussent les femmes à s’en préoccuper. Elles répondent aux attentes des hommes, les devancent constamment. C’est pourquoi vieillir est un poids terrible. Jeanne subit également l’ironie féroce, le dénigrement de son mari lorsqu’il s’aperçoit qu’elle écrit. Son journal est constitué de trois parties qu’elle ne peut écrire que lorsque Philippe est absent. Jeanne n’a pas de « chambre à soi », pas d’intimité dans son couple lui permettant de s’exprimer. Heureusement, elle trouve du réconfort auprès de ses amies, de ses collègues. Alice Rivaz met en avant une tendre sororité qui se crée entre les femmes qui connaissent les mêmes attentes et déconvenues dans leur vie sentimentale.

« La paix des ruches » est un roman court, dense, montrant une grande acuité, une modernité dans les sujets abordés.

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