
Nous avions laissé la fratrie Dupin au moment de l’apparition de la flamboyante Olympia, leur petite sœur qui avait été arrachée à sa famille pour être placée dans un couvent de bénédictines. L’énergie d’Olympia, son caractère très extraverti poussèrent sa sœur Anna et ses frères Isidore et Marceau à la diriger vers le théâtre. Quand la correspondance d’Anna avec sa jeune admiratrice reprend, Olympia va être prise au conservatoire. Durant les années suivantes, de la IIe République au Second Empire, les talents d’Isidore et d’Anna s’affirment et rencontrent peu à peu le succès. Le premier assume d’ailleurs de frayer avec le pouvoir et les puissants pour vendre ses tableaux. Marceau, son jumeau, a toujours l’intransigeance des révolutionnaires et peine à faire connaître sa sublime poésie. Anna, comme toujours, tente d’être le ciment de sa famille et de concilier tous ces forts caractères.
Le premier tome de « Francoeur » était très réussi et celui-ci l’est tout autant. Comme dans le premier volume, Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail tressent à merveille la vie de leurs personnages et la Grande Histoire. Elles soulignent parfaitement les enjeux, les difficultés d’imposer son art à cette époque. C’est notamment intéressant pour le cas d’Olympia qui permet de dévoiler les coulisses de la vie de comédienne, « les protecteurs » qu’il fallait se trouver pour réussir à vivre de son art.
La famille Dupin retrouve dans ce volume son Berry natal avec l’achat par Anna du château d’Apresort qui s’inspire du Nohant de George Sand. Mal en point au départ, cette demeure va devenir grâce à Anna un lieu chaleureux, convivial où les invités parisiens y montent des pièces de théâtre. L’ancrage régional est essentiel, la campagne, le patois, les superstitions, les fêtes, tout concourt à la création littéraire de notre chère Anna et à donner un ton différent de celui du premier tome.
« Francoeur, à nous la vie de château » clôt merveilleusement cette fresque familiale et historique autour de la création artistique au 19e siècle. Les personnages, haut en couleur et très incarnés, vont certainement me manquer.