L’appel de Leila Guerriero

Pendant presque deux ans, la journaliste argentine Leila Guerriero a côtoyé Silvia Labayru mais également se proches, ses amis. En 1976, Silvia est âgée de 20 ans, elle est enceinte de cinq mois et elle fait partie des Montoneros, un groupe péroniste paramilitaire. Le 29 décembre, elle est arrêtée, enfermée à l’ESMA (Ecole de mécanique de la marine) qui fut un centre clandestin de détention sous la dictature. Durant deux ans, elle y fut torturée et violée. Silvia fut l’une des trois plaignantes a intenté un procès à ses bourreaux en 2014.

Ce qui est particulièrement intéressant dans l’histoire de Silvia est sa sortie de l’ESMA. On imaginerait un moment heureux, un accueil réjoui de la part de son entourage. Mais la jeune femme sera reniée, rejetée. Si elle a survécu, c’est forcément qu’elle a trahi. Leila Guerriero montre bien les mécanismes mis en place par les militaires pour semer le doute. Beaucoup de prisonniers de l’ESMA sont exécutés rapidement. Ceux qui ne le sont pas, sont rééduqués et donc mal vus à leur sortie. Les conditions de détention de Silvia ont posé question à ses proches. Elle avait le droit de sortir régulièrement, de les voir, l’un de ses geôliers l’emmenait dîner. De quoi rendre ses camarades Montoneros suspicieux. Le portrait de Silvia Labayru est fait de zones d’ombre que Leila Guerriero tente d’éclaircir au fur et à mesure de ses nombreux entretiens et que se noue une relation de confiance avec Silvia. Cette dernière fait montre d’une incroyable force de caractère, elle ne laisse pas son passé l’engloutir et continue à avancer.

« L’appel » est un livre très dense, qui demande une certaine attention et qui nous livre le portrait saisissant d’une femme mais également d’une époque sombre de l’histoire argentine.

Traduction Maïra Muchnik

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