Un gentleman à la mer de Herbert Clyde Lewis

Henry Preston Standish, un homme d’affaires et père de famille, a un jour ressenti une forte lassitude. Pour y remédier, il embarque sur un petit bateau de croisière l’Arabella. Entre Honolulu et le canal du Panama, il se balade tôt le matin sur le pont, glisse et passe par-dessus bord. Personne ne le voit, ni ne l’entend.

Le résumé du court roman de Herbert Clyde Lewis est d’une étonnante simplicité et il captive notamment grâce à sa construction. Le récit alterne entre les pensées de notre anti-héros plongé dans l’océan Pacifique et la vie qui continue sans lui sur l’Arabella. Le récit se développe, avec une terrible ironie, entre les espoirs de Standish et l’insouciance des passagers du bateau qui ne se rendent pas compte de son absence. Tout concourt à le faire oublier comme si un destin implacable s’était abattu sur cet homme sans histoire et un peu fade. Standish a à cœur sa respectabilité, son statut de gentleman même plongé dans l’eau en regardant son bateau s’éloigner. Il reste digne et c’est le plus important à ses yeux. Sa résignation se veut également élégante : « Puis il se dit que si le destin voulait qu’il se noie, il se noierait, un point c’est tout. Ce n’était pas plus compliqué que ça et ce n’était pas la peine d’en faire un drame, de battre sa coulpe ou de se perdre en protestations inutiles. » Un homme discret jusque dans la mort. Sa mésaventure peut se voir comme la métaphore de la solitude existentielle propre à la condition humaine et de la futilité à chercher un sens à sa vie.

« Un gentleman à la mer » n’a pas rencontré le succès qu’il aurait mérité tant sa construction est maitrisée et son humour est grinçant. Je me félicite qu’il soit à nouveau possible de découvrir cette cruelle fable existentielle.

Traduction Fanny Quément

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