American gangster de Ridley Scott

C’est tout d’abord l’histoire d’une formidable réussite commerciale. A la mort de son mentor en 1968, un caïd de Harlem, Frank Lucas (Denzel Washington) reprend le flambeau, mais va dépasser son maître. Son coup de génie : grâce au mari d’une cousine, soldat au Vietnam, il s’approvisionne en héroïne pure et se charge de l’acheminer aux Etats-Unis avec la complicité de l’armée. Directement du producteur au consommateur. Se passant d’intermédiaires, il peut inonder les rues de New York d’une came excellente et bon marché, la Blue Magic. Il oblige par la force et la négociation ses concurrents à se plier à ses conditions. Les affaires deviennent vite florissantes. Frank fait alors venir sa famille, nombreuse et pauvre, du sud, et la regroupe dans une superbe villa qu’il achetée pour sa mère. L’entreprise devient familiale quand il fait de ses frères ses associés et ses hommes de main. Bon fils, bon mari, gangster craint, respecté et prospère, tout va pour le mieux.

C’est sans compter sans Ritchie Roberts (Russel Crowe) dont on suit parallèlement l’itinéraire. Flic des stups, on le charge de diriger une équipe spécialement créée pour éradiquer le trafic d’héroïne qui ravage New York au début des années 70. Roberts est un type foncièrement honnête, à tel point qu’il a ramené un jour au commissariat plusieurs millions de dollars sur lesquels il aurait pu faire main basse en toute impunité. Depuis il est l’objet des sarcasmes et du mépris de ses collègues. Pour mener à bien sa mission, Roberts devra donc lutter contre les trafiquants, bien sûr, mais aussi contre des flics locaux très corrompus.

« Pour vivre heureux, vivons cachés ». Telle pourrait être la morale de ce film. Alors qu’il se rend à un combat de boxe de Mohammed Ali, Frank est habillé d’un manteau et d’un chapeau de fourrure que lui a offerts sa femme. Attifé de la sorte, de plus placé dans les premiers rangs et en conversation avec un caïd italien surveillé par la police, Frank attire l’attention de Roberts. Ce sera le début de la chute de Frank Lucas, lâché peu à peu par sa femme et sa mère. « On n’est jamais trahi que par les siens » : autre morale de cette histoire.

Voilà un très bon Ridley Scott, réalisateur qui alterne le bon (Blade Runner, Thelma et Louise), le moins bon (Gladiator), voire le médiocre (1492 : Christophe Colomb, Kingdom of heaven). Un peu lent au démarrage, ce film, inspiré par l’histoire vraie de l’ascension et la chute d’un trafiquant de New York entre 1968 et 1973, m’a progressivement captivé. D’une durée de près de 2h40, le rythme soutenu de la mise en scène, le jeu impeccable des acteurs, la montée en puissance dramatique et la reconstitution seventies de New York, ont fait que jamais mon attention ne s’est relâchée

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