« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » est le seul et unique livre publié de Nell Harper Lee. Sorti en 1960, il obtient le Prix Pulitzer en 1961 et il est considéré comme un livre-culte aux Etats-Unis.
Jean Louise Finch surnommée Scout nous raconte une partie de son enfance à Maycomb, Alabama. L’histoire se déroule durant la Grande Dépression et notre héroïne a alors 10 ans. Elle est entourée de son grand frère Jem et de son père avocat Atticus. La mère est morte et Atticus élève ses enfants avec l’aide de Calpurnia, la femme à tout faire noire. Scout est un garçon manqué, un casse-cou qui suit son frère partout. Les enfants sont assez libres et nous font penser aux aventures de Tom Sawyer. Avec leur ami Dill, ils passent leur temps à espionner la maison voisine, celle de Boo Radley. Celui-ci aurait agressé son père et ce dernier ne voulant pas que son fils aille à l’asile l’aurait gardé reclus dans la maison. Plus personne n’a revu Boo depuis 15 ans, voilà un mystère passionnant pour nos trois enfants qui se lancent dans des expéditions trépidantes autour de la maison.
Scout découvre également l’école mais elle supporte mal les contraintes et les brimades. Elle qui sait déjà lire grâce à son père, ne comprend pas que la maîtresse s’emporte contre elle à ce propos. Jem est lui aussi différent à l’école, il prend ses distances avec elle. Scout a du mal à voir son frère grandir et elle n’est pas pressée de devenir adulte. Des évènements vont l’y aider.
Atticus est en effet commis d’office dans un procès, un homme noir est accusé d’avoir violé une femme blanche. Contre l’avis de ses amis, il accepte de défendre cet homme car Atticus est un idéaliste, droit et intègre. Les enfants suivent le procès et découvrent un monde cruel, plein de racisme et de préjugés. Atticus fait d’ailleurs plus que défendre l’accusé, il prouve son innocence mais cela n’aura pas l’effet escompté dans ce Sud si violent. Ce procès pour Jem et Scout est aussi l’occasion de mieux connaître leur père qui fait preuve d’un courage exemplaire. Il étonne aussi ses enfants quand il réussit à abattre de loin un chien enragé, alors qu’ils le pensaient trop vieux pour une quelconque activité physique.
Ce magnifique roman initiatique cumule plusieurs thématiques : l’enfance joyeuse et libre, la découverte du monde des adultes avec ses contraintes et celle du racisme, des préjugés. La fin de l’innocence pour Scout nous est racontée avec une grande intelligence et beaucoup d’humour. Harper Lee nous conte cette histoire sans melo, sans pathos, et il n’y a pas de fin moralisatrice. Scout apprend les nuances, rien ni personne n’est jamais totalement mauvais ou totalement bon et on ne peut juger personne à la va vite. Boo Radley est au centre pour Scout de cette nouvelle vision du:monde. Ce livre se passe dans les années trente en Alabama mais il traite d’idées universelles, ce qui explique sans doute son succès. Truman Capote, ami d’enfance de Harper Lee, se vanta même d’être l’auteur d’une grande partie de l’ouvrage : la cabotin semblait jaloux d’une telle réussite !
A souligner, car c’est assez rare, l’excellente adaptation réalisée par Robet Mulligan en 1962 et intitulée « Du silence et des ombres ». Gregory Peck remporta l’oscar du meilleur acteur pour son interprétation d’Atticus. Scout Finch nous offre deux chefs-d’œuvre, pas si mal pour une fillette de 10 ans !
Effectivement Du silence et des ombres est une belle adaptation sensible,discrète et tendre.
@Eeguab : Une très belle adaptation pour un excellent livre, c’est assez rare pour le souligner.
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