Les amoureux de Sylvia

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« Tout le monde dépendait de la pêche à la baleine, et presque tous les hommes de la ville avaient été marins, ou espéré l’être. Près de la rivière pendant certaines saisons, l’odeur était presque intolérable, hormis aux habitants de Monkshaven ; mais sur les quais nauséabonds, vieillards et enfants s’attardaient pendant des heures, malgré des relents d’huile de poisson dont ils paraissaient presque se délecter.  » C’est dans ce petit port du Yorkshire que prend place « Les amoureux de Sylvia », chez des petites gens : pêcheurs ou fermiers. La jeune et jolie héroïne est fille unique de fermiers. Choyée, surprotégée par ses parents, Sylvia est frivole, capricieuse et insouciante. Elle est passionnément aimée par son cousin Philip, trop sérieux, trop morne pour séduire sa charmante cousine. La vie de la jeune fille sera bouleversée par l’arrivée de Charley Kinraid, un séduisant harponneur. Il s’éprend également de Sylvia mais les évènements historiques vont changer leurs vies.

A l’instar de « Nord et Sud » ou « Femmes et filles« , Elizabeth Gaskell a écrit une grande fresque se déroulant sur plusieurs années. Elle y mêle des faits historiques à une étude psychologique poussée de ses personnages.

En 1796, au début du roman, l’Angleterre se bat contre la France révolutionnaire. Le pays a besoin d’hommes et notamment de marins. Le recrutement se fait de force et à peine rentrés chez eux, les baleiniers de Monkshaven sont réquisitionnés. Cela provoque des scènes de violence, de révolte chez les habitants qui sont  décrites par l’auteur à plusieurs reprises. Mais les recruteurs font pire, ils kidnappent. Et c’est précisément ce qui arrive à Charley Kinraid. Il est fait prisonnier par les recruteurs du roi George III. Seul Philip assiste à la scène. Charley lui demande de prévenir Sylvia mais le cousin transi d’amour ne manque pas l’occasion d’éliminer son concurrent. La tragédie se noue à ce moment-là, que de vies seront brisées par le silence de Philip !

« Les amoureux de Sylvia » est un roman sur l’amour non réciproque. Le motif se décline parmi les différents personnages. Philip aime Sylvia qui aime Charley. Philip est lui-même aimé par Hester Rose, avec qui il travaille, qui est aimée par un autre commis. Elizabeth Gaskell explore les différents sentiments naissant du rejet de l’être aimé. Le dépit posé d’Hester s’oppose à l’obsession dévorante de Philip. L’étude psychologique des personnages est comme toujours très fine et précise. On suit tout particulièrement l’évolution du personnage central, son apprentissage douloureux. Pendant six ans, nous voyons changer Sylvia. Jeune fille coquette et sans éducation, elle évolue à la force des drames qui émaillent le récit. Son personnage passe de la lumière à l’ombre, de la joie à la détresse la plus profonde. L’expérience chez elle remplace l’éducation, qui lui apporte gravité et empathie.

Le talent d’Elizabeth Gaskell s’exprime une nouvelle fois superbement dans « Les amoureux de Sylvia ». Les personnages sont plongés dans les soubresauts de l’histoire et des sentiments. Un drame qui m’a totalement captivée.

Une lecture commune avec ma copine Céline.

22 réflexions sur “Les amoureux de Sylvia

    • Ah pour une fois que j’ai lu un Gaskell que tu ne connais pas encore ! Oui les éditions Fayard et les éditions de L’herne publient tout en français pour mon plus grand bonheur. J’espère que ça va continuer.

  1. Quel billet tentateur ! Je le note illico ! Le petit challenge dont parle George, hum hum, j’ai Nord et Sud dans ma PAL, livre et DVD, ce serait mo-ti-vant !!! 😀

    • Merci ! Je sais bien qu’un challenge Gaskell ferait plaisir à beaucoup de monde mais il ne me reste que « Lady Ludlow » à lire ! C’est peu pour lancer un challenge ! Et j’ai même regardé les adaptations !

  2. Je l’ai acheté, mais je n’ai toujours pas repris ma découverte de Gaskell. Femmes et filles m’attends depuis plus de six ans… Entre toi et Lou, je vais bien m’y remettre !

    • Mais j’espère bien que tu vas t’y remettre ! « Femmes et filles » est excellent également même si mon coup de coeur reste « Nord et Sud ».

    • Encore une bon Gaskell que je ne peux que te conseiller !
      Super pour « L’idiot », il me reste 70 pages et j’adore. J’espère que tu vas aimer comme moi.

  3. Je viens seulement de lire Les confessions de Mr Harrison avec le sentiment d’avoir fait une grande découverte. Ca fait tellement plaisir de découvrir un auteur, que je me sens prête à tout lire ! D’ailleurs tout n’est pas encore traduit. Il reste encore au moins deux romans et probablement des nouvelles…

    • « Les confessions de Mr Harrisson » sont vraiment très drôles. J’ai eu la même envie après avoir dé couvert « Nord et Sud ». J’ai d’ailleurs presque fini de lire tout ce qui est traduit. J’espère que le reste sera traduit.

  4. Je viens de relire ton billet, vraiment ça donne envie de le lire et la couverture française est superbe. Il était sur ma liste du père Noël, encore sur celle de mon anniversaire pour ma famille, mais je crois que si je ne le reçois pas je me l’offrirai bientôt 🙂 Je suis plongée dans « Cranford », dont je viens de lire un tiers environ, j’ai l’impression qu’il arrive malheur à tous les hommes qui viennent à Cranford. J’envisage de lire « Lady Ludlow » ensuite, je voulais me le procurer mais il a l’air dur à trouver même en anglais donc je pense le lire sur mon reader. C’est fou le peu de couvertures que j’arrive à retrouver sur Internet ! Et après je verrai la version BBC (je garderai sans doute un ou deux billets sous le coude pour notre mois anglais même si mon début d’année s’annonce très British).

    • Oui les éditions Fayard nous ont offert un bien beau livre, tu me diras si tu l’as reçu pour ton anniversaire. J’ai moi-même eu du mal à trouver « Lady Ludlow », il n’existe plus que d’occasion. Je vais vous accompagner le 15 mars pour votre LC de « Cranford » avec ce dernier livre en français de ma chère Mrs Gaskell. Il ne me restera plus que la biographie de Charlotte Brontë. J’espère que les éditions Fayard ou de L’Herne vont continuer à traduire son œuvre.

  5. Je m’aperçois que j’ai oublié de commenter ton billet. Oups !
    J’ai beaucoup aimé la seconde partie du roman, mais j’ai trouvé que l’histoire était lente à se mettre en place. L’enlèvement de Kinraid n’apparait qu’à la moitié du roman … Je comprends qu’il faille montrer le caractère de Sylvia insouciante et gaie pour montrer comment l’expérience la durcit, mais je pense que Gaskell aurait pu raccourcir cette partie.

    • Ne t’inquiète pas, nous avons eu l’occasion d’en parler de vive voix. Je n’ai pas du tout trouvé de longueur contrairement à toi, j’ai beaucoup aimé la 1ère partie avec la Sylvia frivole. J’ai juste tiqué un peu sur la fin où il est beaucoup question de religion.

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