Tristan et Iseut de Béroul

Tristan

La légende de « Tristan et Iseut » a traversé les époques et est bien connu de tous. Le manuscrit de Béroul, conservé à la BNF, est probablement le plus ancien. Il date des années 1150-1200. Un contemporain, Thomas d’Angleterre, en rédigea une autre version un peu après. Les deux auteurs cherchaient à unifier les différents récits, les différentes légendes orales qui circulaient en Cornouailles où se situe l’action. Le manuscrit de Béroul nous est parvenu incomplet, il en manque le début et la fin. L’histoire débute ici lorsque Tristan et Iseut trompent le roi Marc, caché dans un arbre, en se montrant indifférents l’un à l’autre. Comme on le sait, les deux jeunes gens ne sont tombés amoureux qu’à cause d’un philtre avalé par erreur. La magie était destinée au roi Marc et à son épouse Iseut. Après moults péripéties, c’est son neveu Tristan qui amena en Cornouailles Iseut l’irlandaise. C’est lors du voyage que le philtre fut bu. Ils tentent de garder secret leur passion mais ils finissent par être découverts par le roi Marc et doivent s’enfuir.

« Tristan et Iseut » est un roman d’aventures, il n’y a aucun temps mort dans le récit. Béroul enchaîne les épisodes les uns après les autres sans aucune transition, cela donne un petit côté frénétique au texte. Tristan affronte un géant, un dragon, fait un saut miraculeux, se déguise en lépreux (d’ailleurs Iseut est livrée par le roi à une bande de lépreux lubriques !), évite le bûcher et les amants sont dénoncés par un nain astrologue (oui je sais, cela faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé de nain !). C’est épique, Tristan est un valeureux chevalier à la hauteur d’autres mythes comme Roland ou Lancelot.

L’histoire d’amour est en revanche très étonnante et hors du commun. Tristan et Iseut sont contraints à s’aimer, c’est une véritable souffrance. Ils doivent vivre reclus dans la forêt du Morrais, privés de tout et de leurs proches. « Dans la forêt, le pain leur manque beaucoup. Ils vivent de venaison et ne mangent rien d’autre. Qu’y peuvent-ils si leur teint s’altère ? Leurs habits tombent en lambeaux ; les branches les déchirent. Ils fuient longtemps à travers le Morrais. Tous deux souffrent de la même façon mais chacun grâce à l’autre oublie ses maux. La noble Iseut a toutefois très peur que Tristan, de son côté, appréhende qu’Iseut, brouillée à cause d e lui avec le roi, n’en vienne à regretter ce fol amour.  » Le roi Marc est en fait un bien noble personnage. Je trouve d’ailleurs que c’est le cas également de Tristan et Iseut, ce sont de beaux personnages tiraillés par des sentiments qu’ils n’ont pas voulu. Le philtre d’amour ne dure que trois ans chez Béroul, je ne vous raconte pas ce qu’il adviendra après si vous ne le savez pas !

Un grand classique, une grande légende d’origine celtique que j’étais contente de découvrir plus en détail.

Keep calm and read

32 réflexions sur “Tristan et Iseut de Béroul

  1. J’en garde un souvenir assez épouvantable (au programme du bac) mais peut-être dû à ma prof… c’est peut-être un livre qu’on apprécie plus avec plus de maturité et de lectures derrière soi… je m’en souvenais tellement peu que j’avais oublié qu’il se passait en Cornouailles et même l’histoire en majeure partie, à part un passage où il se déguise en lépreux qui avait causé beaucoup de rougeurs à ma prof. En voulant expliquer le côté sexuel de la scène de façon chaste elle était devenue très explicite et ne savait plus comment se dépétrer de cette situation !
    Et une première étape pour le Mois anglais ! 🙂

    • Eh oui les lépreux étaient libidineux au Moyen-Age !! C’est pourtant un livre très simple à aborder et agréable à lire. Mais souvent l’école nous laisse de mauvais souvenirs de lecture !

  2. Je l’avais lu pour le bac de français ou le bac L tout court. Depuis, je ne l’ai jamais relu, il est toujours dans ma bibliothèque. Le mois anglais est peut-être une occasion pour le relire.

    • Je n’ai pas eu l’occasion de l’étudier en classe et je ne m’étais jamais penchée sur ce mythe. J’ai beaucoup aimé le rythme de ce roman et les folles péripéties de Tristan.

  3. retour aux sources des légendes
    j’aurai à parler du roi Arthur pour ma part via l’œuvre d’Henry Purcell
    bon mois et courage pour les récap. et visite des blogs…

    • Dans « Trsitan et Iseut », le roi Arthur fait une apparition. Les légendes se mélangent et se complètent. Bon mois anglais à toi aussi Denis !

  4. Que se passe t-il au bout des trois ans ??? C’est pas sympa de finir sur un tel cliffhanger ! Sinon, je n’avais jamais réalisé qu’en fait cet amour était une sorte de hasard, même si le filtre est sans doute plus un symbole qu’un véritable objet.

    • Si tu veux le savoir, il faudra que tu lises Béroul ! Je ne me souvenais que vaguement des détails de l’histoire, on oublie souvent de parler du filtre qui change un peu la perception que l’on peut avoir sur cette histoire d’amour.

  5. Je croyais connaître la légende de Tristan et Iseult… En lisant ton billet je découvre des choses surprenantes sur leur histoire. J’ai tendance à faire l’impasse sur les classiques, ce billet me donne tort.

    • Les classiques, on a l’impression de parfaitement les connaitre car on les croise souvent dans nos études ou nos lectures. Mais rien ne veut la lecture pour les connaître vraiment et la légende de Trsitan et Iseut est remplie d’aventures palpitantes qui valent la peine de se pencher sur ce classique.

  6. J’adore ce roman / conte, il est magnifique ! Et puis on ne s’ennuie pas, il se passe toujours quelque chose. Un beau souvenir, je le relirais volontiers 🙂

    • C’est vrai que l’on ne s’y ennuie pas, que de rebondissements et d’aventures en tout genre ! C’est un vrai conte du Moyen-Age et l’histoire d’amour masque un peu ce côté-là.

  7. Lu à l’adolescence. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main et j’avais déniché celui-ci chez les voisins de mes grands-parents. J’en garde un bon souvenir mais il faudrait que je le relise pour me rafraichir la mémoire…

    • Je pense que nous avons tous lu cette version de Béroul qui présente une partie des aventures de Tristan et Iseut. J’en garderai moi aussi un très bon souvenir.

    • C’est vrai que l’on retrouve souvent cet archétype de l’histoire d’amour, il suffit de penser à « Roméo et Juliette ». Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que finalement l’amour est plus fort que la magie.

  8. Oui et l’amour n’est pas dû à la magie! Un livre que j’avais étudié et beaucoup aimé à l’université. Pour le blogoclub j’ai choisi (car j’avais lu Expiation) les Fiancés de Manzoni . Finalement tous les romans d’amour parlent d’amour contrarié sinon… il n’y a plus d’histoire!

    • Elle est du au départ à la magie mais cela ne dure pas. Il faudra que je lise ton billet car j’avais voté pour « Les fiancés ».

  9. J’ai eu quelques secondes de flottement pendant lesquels je me suis demandée pourquoi tu mettais cette lecture dans le mois anglais ! Et puis je me suis souvenu lol …
    Dans le même genre, je voulais lire ‘Aucassin et Nicolette’ vanté par mes collègues de français.

    • J’avais choisi « Tristan et Iseut » parce qu’il était dans ma PAL, je n’avais pas du tout réalisé que l’action se situait en Cornouailles !

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