Le séducteur de Richard Mason

le séducteur

En 1907 à Amsterdam, le jeune et extrêmement séduisant Piet Barol se fait engager comme précepteur chez la famille Vermeulen-Sickerts. Issu d’un milieu pauvre, Piet souhaite s’élever socialement et il se sent rapidement très à l’aise dans le luxe de la demeure des Vermeulen-Sickerts. Ses charmes et sa bisexualité lui permettent de se faire accepter partout : aussi bien auprès des domestiques que de la riche famille. Son changement de vie semble bien amorcé.

Commençons par ce qui m’a plu dans ce roman. Richard Mason a une écriture très fluide, agréable et son roman se lit sans peine. La construction est intéressante car elle alterne les points de vue et on passe de l’étage des domestiques à celui de des maîtres à la manière de Julian Fellowes. Richard Mason met en place toute une galerie de personnages secondaires plutôt attachants comme Didier, le valet de pied enthousiaste et naïf, ou Egbert Vermeulen-Sickerts, le dernier de la famille qui se bat contre une ribambelles de tocs.

Le personnage central, Piet Barol, avait au départ une ambiguïté source possible de rebondissements et de manipulations. Il est beau comme un Dieu, aime le luxe, a les dents longues et il est prêt à payer de sa personne. Malheureusement il manque cruellement de relief, il est finalement très lisse et ne séduit que la maîtresse de maison. Quoi de plus banal ? Il n’est pas non plus assez machiavélique pour le rôle que l’auteur lui assigne, il a même des regrets pour ses mauvaises actions !

De même, l’intrigue manque d’aspérités.  Les moments de tension se résolvent comme par enchantement. Deux exemples pour étayer mon reproche : Piet force Egbert à sortir, c’est un drame colossal, personne n’a jamais rendu l’enfant aussi hystérique. Là, le lecteur craint le renvoi de Piet mais non, le problème est balayé en deux paragraphes, une petite discussion et on repart comme si de rien n’était ! (D’ailleurs, les tocs sont également éliminés comme par magie…) De même, lorsqu’une des filles Vermeulen-Sickerts révèlent à l’ensemble de la famille que sa mère couche avec Piet, point d’esclandre. Le mari cocu n’est pas offusqué, il s’excuse même auprès de sa femme de l’avoir délaissée. Je connais peu de gens aussi magnanime ! Ce manque de rebondissements nuit bien évidemment à l’intérêt que l’on porte à l’intrigue.

Et cela ne s’arrange pas dans la dernière partie. Piet Barol s’embarque pour l’Afrique du Sud grâce à la prime donnée par M. Vermeulen-Sickert (vraiment pas rancunier le mari cocu..) et part tenter l’aventure. C’est alors presque un nouveau roman qui commence où il n’est plus du tout question des Vermeulen-Sickerts. Mais pourquoi ne pas avoir terminé ce roman-ci avec le départ en bateau et commencé le prochain (le livre se clôt par un « A suivre ») avec le voyage ?  Cela donne quelque chose de très bancal, de mal équilibré, cette dernière partie dure en effet une centaine de pages.

Beaucoup de défauts dans « Le séducteur » qui n’est pourtant pas déplaisant à lire mais Piet Barol n’est pas assez manipulateur et aventurier à mon goût !

Un grand merci à Christelle et aux éditions Robert Laffont pour cette découverte.

8 réflexions sur “Le séducteur de Richard Mason

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