Lundi ou mardi de Viriginia Woolf

PremièreCouverture_WOOLF_02OCT13

« Je veux penser paisiblement, calmement, avec tout l’espace dont je peux disposer, sans jamais être interrompue, sans jamais avoir à me lever de mon fauteuil, pouvoir passer facilement d’une chose à une autre, sans ressentir la moindre hostilité, sans rencontrer le moindre obstacle. Je veux couler de plus en plus profond, loin de la surface avec ses faits brutalement séparés. » Le résultat de cette pensée libérée est ce petit recueil de huit nouvelles. Virginia Woolf y laisse s’exprimer son flot de pensées, sa fantaisie, sa recherche littéraire. « Lundi ou mardi » fut publié en avril 1921 et chacun des textes qui le composent est un petit univers en soi marqué par les impressions, les sensations. Les huit textes sont très représentatifs du travail de Virginia Woolf.

« Une société » évoque la misogynie de la société anglaise de l’époque et le peu de femmes écrivains ou peintres sur un ton drolatique. « Un roman non écrit » place deux femmes dans un wagon de train. L’une d’elles tente de deviner la vie de l’autre à travers les traits de son visage, ses vêtements, ses attitudes. « T’ai-je bien lue ? Mais le visage humain – le visage humain au-dessus de la page de caractères imprimés la plus dense contient plus, dissimule plus. » Dans « La marque sur le mur », l’esprit divague, s’évade à partir de l’observation d’une tâche sur un mur. Les pensées passent d’un sujet à l’autre en continu.

Mon texte préféré est « Kew Gardens ». L’auteur choisit de se fixer sur une plate-bande du jardin comme on placerait une caméra que l’on laisserait tourner. Elle y observe ce qui se passe dans la plate-bande (fleurs, insectes) et autour (des gens se promènent, discutent). « Comme il faisait chaud ! Si chaud que même la grive avait choisi de sautiller, comme un oiseau mécanique, à l’ombre des fleurs, avec de longs arrêts entre deux mouvements ; au lieu d’errer sans but, les papillons blancs dansaient l’un au-dessus de l’autre, faisant de leurs éclats blancs le contour d’une colonne de marbre effondrée au-dessus des fleurs les plus hautes ; les verrières de la palmeraie brillaient comme si tout un marché rempli d’ombrelles d’un vert éclatant avait ouvert sous le soleil ; et dans le ronronnement d’un aéroplane, la voix du ciel d’été soufflait son âme farouche. »

« Lundi ou mardi » permet de mesurer toute l’audace littéraire de Virginia Woolf, sa recherche permanente pour exprimer les sensations qui peuplent nos esprits. Se dégage de ces huit textes une délicate et sensible poésie.

tous les livres sur Babelio.com

8 réflexions sur “Lundi ou mardi de Viriginia Woolf

  1. voici une lecture de Virginia Woolf que je ne connais pas. Merci pour la découverte, moi qui adore cette auteur 😉 J’aime son écriture claire et incisive

  2. Un recueil de nouvelles de Virginia Wolf, voilà qui me tente beaucoup. J’adore sa façon de laisser courir sa pensée et de décrire ses réflexions, ses ressentis, d’observer ce qui l’entoure.

    • Oui c’est extraordinaire sa manière de laisser son esprit dérivé et d’arriver à retranscrire ses sensations. C’est toujours aussi sublime.

Répondre à titine75 Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.