« ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main. nous sommes en l’an de grâce mille huit trente et un, je suis toujours assise à ma fenêtre et j’écris toujours mon livre.
je vois mon visage dans la vitre. mes cheveux et ma peau sont clairs.
je suis penchée sur ma table avec mon encrier devant moi et un tas de feuilles à ma gauche.
et vous savez maintenant que j’ai dû apprendre chaque lettre que j’écris. ça me fait deuil de vous raconter tout ça. il y a des choses que je n’ai pas envie de dire.
mais je me suis juré que je dirais tout exactement comme ça s’est passé. j’ai promis alors je dois continuer. »
Mary, une jeune fille de quinze ans, écrit son histoire, sa confession. Cadette d’une famille de quatre enfants, elle est élevée par un père brutal et une mère indifférente. Toute la famille travaille aux champs dans la campagne du Dorset. Du lever au coucher, pas de repos pour les quatre filles qui subissent la loi de leur père. Seul le grand-père infirme compatit à la difficile vie de Mary. Lorsque le pasteur Graham propose au père de Mary d’embaucher celle-ci pour s’occuper de sa femme malade, il n’y a aucune hésitation : le père prend l’argent et se débarrasse bien vite de sa fille boiteuse. Mrs Graham est pleine de gentillesse et de bonté envers Mary. Celle-ci découvre les livres, l’écriture et son horizon s’élargit. Son sort semble évoluer au mieux jusqu’à la mort de Mrs Graham.
« La couleur du lait » est le premier roman traduit en français de Nell Leyshon. Il est court, serré et dense. L’auteur l’a écrit en se mettant totalement dans la peau de la jeune Mary. La langue employée est celle d’une personne qui vient tout juste d’apprendre à écrire, qui ne maitrise pas encore le vocabulaire et la grammaire. L’ironie de la situation de Mary est qu’elle n’écrira que ce témoignage, cette confession puisque c’est en prison qu’elle écrit. Elle semble n’avoir appris à écrire que pour ce texte, pour s’expliquer aux yeux du monde. L’écriture ne la libère que de sa conscience, pas de sa condition sociale. « La couleur du lait » est un roman d’apprentissage qui s’achève dans la douleur et la drame. La jeune paysanne pleine d’aspirations et de curiosité, n’aura qu’effleurer les possibilités offertes par l’écriture et la lecture. L’émancipation de Mary ne sera malheureusement que de courte durée.
« La couleur du lait » est le récit poignant de la vie de la jeune Mary, paysanne et servante qui n’aura connu que la violence et l’humiliation.
Merci aux éditions Phébus pour cette découverte.
Je l’ai réservé à la médiathèque et l’attends avec impatience !!
Excellente ta médiathèque ! J’espère que tu vas aimer.
Je viens juste de terminer ce court roman et j’avoue qu’il m’a beaucoup marqué. L’écriture bien qu’enfantine est très belle. J’ai beaucoup aimé le déroulement de l’histoire au fil des saisons et des travaux des champs et la façon dont l’auteur, à travers son personnage, nous montre les discriminations entre les classes sociales, mais aussi la servitude des femmes à l’époque.
C’est vrai que je n’ai pas parlé des saisons que cela m’avait beaucoup plu. On aimerait un autre avenir pour cette jeune fille qui rêve d’autre chose et qui voit son horizon s’ouvrir grâce à l’écriture.
Ce roman est vraiment très tentant. Je note.
Oui c’est une jolie et discrète réussite de la rentrée littéraire.
Je viens de le terminer, et j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman
J’ai hâte de lire ton billet alors !
Très intéressant. Je ne connaissais pas du tout en plus.
Il a été eclipsé par la rentrée littéraire. C’est dommage parce qu’il vaut vraiment la peine.
Ce roman a l’air magnifique … Il faut absolument que je le lise !
Je suis sûre qu’il va beaucoup te plaire.
Dis, il n’y aurait pas un côté les Bonnes ou les soeurs Papin dans ce livre ?
Oui mais la raison du crime est vraiment très différente. Il s’agit plus ici de la condition de la femme, de l’humiliation imposée par les hommes.
J’attendais de lire un avis sur ce livre avec impatience. Je l’ai déjà feuilleté en librairie et l’écriture paraissait assez aride. Mais je note que c’est un drame, alors je vais encore réfléchir car je viens de finir un Joyce Carol Oates pas facile !
Oui, l’écriture est aride car c’est celle d’une jeune fille qui vient d’apprendre à lire et à écrire. Du coup, il n’y a aucunes fioritures, c’est une langue très basique.
Ton billet est plein de promesses pour ce roman. Je le note moi aussi, et sa couverture est superbe.
Moi aussi j’adore cette couverture ! Le livre est à la hauteur en tout cas.