L’échange des princesses de Chantal Thomas

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En 1721, Philippe d’Orléans est régent en attendant la majorité de Louis XV. Pour asseoir sa position et son pouvoir, une idée brillante lui vient : il veut marier Louis XV à Maria Anna Victoria, l’infante d’Espagne. Cela permettra de réunir les deux royaumes. Maria Anna Victoria et Louis XV sont cousins germains et ont respectivement 4 et 11 ans. Philippe d’Orléans pousse encore plus loin son idée en proposant de marier sa propre fille, Mlle de Montpensier, à l’héritier de la couronne espagnole, le prince des Asturies. La fille du régent n’a que 12 ans. Les deux princesses vont voyager l’une vers l’autre pour être échangées en 1722 sur une petite île au milieu de la Bidassoa, rivière qui concrétise la frontière entre la France et l’Espagne. « Elles vont traverser la ligne, se retrouver l’une en Espagne, l’autre en France, coupées de leurs origines, séparées de leurs servantes et dames d’accompagnement, coupées de tout ce qui pourrait les rattacher à leurs parents, pure princesse française, pure princesse espagnole. Sur l’autre rive une vie nouvelle les attend. Leur passé est un pays étranger. »

Chantal Thomas continue à explorer son cher XVIIIème siècle et nous propose ici un épisode fort intéressant . L’histoire de ces deux princesses a tout pour nous captiver et nous surprendre. Ces deux enfants sont les jouets de la raison politique, de la diplomatie. A 4 et 12 ans, elles sont supposées se comporter comme des adultes (c’est le cas également pour le jeune Louis XV), accepter leur nouvelle situation et s’adapter sans broncher. Comment cela pouvait-il bien se passer ? Louise Elisabeth, Mlle de Montpensier, adopte une attitude extravagante, provocante. La petite Maria Anna Victoria se barricade derrière des murs de poupées et ne comprend pas la froideur de son cher fiancé. Leurs destinées parallèles sont un véritable crève-cœur, leurs deux vies sont totalement sacrifiées.

Malgré l’intérêt évident de ce fait historique méconnu, j’ai été déçue par le traitement qu’en a fait Chantal Thomas. Elle semble ne pas avoir su choisir entre l’essai historique et le roman. Elle cite par exemple beaucoup d’extraits de lettres des différents protagonistes comme si elle souhaitait témoigner de la véracité de ses propos. Mais quelle est la nécessité de ces citations si l’on est dans un roman ? Le ton employé n’est pas non plus celui du roman, il est beaucoup trop factuel. Et je n’ai pas non plus retrouvé la magnifique langue qui m’avait fait tant aimé « Les adieux à la reine ».

« Dans « L’échange des princesses », Chantal Thomas rate ce qu’elle avait si parfaitement réussi dans « Les adieux à la reine » : romancer l’Histoire. Et c’est d’autant plus dommage que le sujet était prometteur et original.

Le billet d’Eliza qui m’a gentiment prêté ce livre et celui de George avec qui j’ai fait cette lecture.

23 réflexions sur “L’échange des princesses de Chantal Thomas

  1. Je l’aimé plus que toi, même si j’ai été gênée par le defa5que tu relèves : ce mix entre récit historique et roman. Mais quelle histoire quand meme que celle-ci , et ce qu’elle révèle des relations familiales chez les grands du monde. J’ai trouvé ça passionnant.

  2. J’ai eu exactement le même ressenti que toi ! Soit c’est un roman, soit c’est un essai. Mais là, les citations m’ont semblé trop nombreuses et encore plus à la fin. C’est dommage mais comme j’ai les Adieux à la reine dans ma PAL, je retiens ton avis plus positif 😉

    • Oui, tu as raison les citations sont de plus en plus nombreuses sur la fin. Tu verras que dans « Les adieux à la reine » le choix du roman est clairement fait et elle ne dévie pas de son idée.

  3. J’ai passé un bon moment avec ce roman, mais je suis d’accord avec ta critique, c’est vrai qu’elle oscille entre le roman et l’essai et cela peut paraître un peu long parfois…

  4. J’ai déjà lu beaucoup de critiques plutôt négatives à l’encontre e ce roman. J’ai donc passé mon tour. J’ai quand même Les adieux à la reine (livre + film) et je ne l’ai toujours pas lu (donc toujours pas vu). Il va falloir que je m’y mette.

    • J’espère que tu aimeras comme moi « Les adieux à la reine », j’avais été transportée par ce roman. Le film de Benoît Jacquot est également très réussi, j’avais passé un excellent moment.

  5. J’aime beaucoup ton billet même si au contraire de toi j’ai beaucoup aimé ce roman-essai ou essai-roman. Je crois qu’on n’est pas parties dans ce roman avec les mêmes attentes. Je voulais le lire pour mieux comprendre cette période historique, je ne recherchais pas l’aspect romanesque donc je n’ai pas été déçue, mais c’est vrai que si on s’attend à retrouver le style que Chantal Thomas dans « Les adieux à la reine », je comprends qu’on soit déçue.
    Contente d’avoir fait cette lecture commune approximative avec toi !!

    • Je m’attendais effectivement à retrouver le ton des « Adieux à la reine » et j’ai forcément été déçue et surtout gênée par ce mix des genres. Elle aurait vraiment du choisir l’un ou l’autre pour éviter de perdre son lecteur. Ce fait historique se prêtait si bien au roman, c’est vraiment dommage.

  6. Comme toi, je n’avais pas été convaincue par ce roman, sans doute parce qu’ayant déjà une bonne connaissance de cette période, j’en attendais aussi plus de romanesque. J’ai vraiment ressenti un décalage entre l’effet que voulait rendre l’auteur, celui d’une intimité avec les deux princesses, et le résultat froid et parfois presque chirurgical de certains passages. Sans compter qu’il est bien difficile de se mettre dans la tête d’une enfant de quatre ans…

    • Je me souvenais très bien de ton avis mitigé sur ce livre. Et tu as raison de dire que l’on n’entre pas du tout dans l’intimité des princesses. Je n’ai pas senti d’empathie pour ces deux pauvres jeunes filles échangées comme des marchandises. Le livre ne fonctionne malheureusement pas.

  7. Ca y est tu l’as lu 🙂 Je vois que tu n’es guère emballée même si tu es beaucoup moins dure que moi dans tes propos. Oui c’est certainement cela : le sujet est tellement intéressant que son traitement nous laisse sur notre faim.

  8. Entièrement d’accord Titine, ça a été une grosse déception pour moi (parce que le pitch est quand même archi tentant). Elle n’a pas su me passionner, j’ai trouvé le traitement bien fade et les personnages (paradoxalement) assez caricaturaux. Et à l’époque on nous l’avait vendu comme le roman de la rentrée 2013 (GArcin). Je la trouve très en dessous de Chandernagor qui traite presque la même période avec un ressort romanesque bien plus efficace.
    Bon je te dis à dimanche pour notre rendez-vous modianesque 😉

    • Je n’ai pas encore lu Chandernagor mais je suis fort tentée. J’ai été d’autant plus déçue que Les adieux à la reine étaient un vraie réussite au niveau de l’histoire et de la langue.

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