La corrosion. La rouille. Une lèpre qui s’étend, s’insinue sous la couche de peinture. Sans remède possible, elle gagne du terrain, elle dévore la coque de l’Albatros. Il attend, attaché dans le port, que l’on décide de son sort. Figé, fragilisé, anéanti par cette pourriture brune. Il ne bouge plus, ne vogue plus.
Il a pourtant, inlassablement, quitté ses amarres du Guilvinec, chaque matin à 4h30 ; amené au large plusieurs générations de marins qui, comme lui, inlassablement sortaient en mer chaque jour pour en recueillir les fruits. L’Albatros, un bateau fiable, solide dont le chalut a rapporté dans le vacarme de ses treuils, des kilos et des kilos de langoustines. Parfois des sardines, du merlan, de la lotte, du cabillaud avant qu’il se raréfie. De la qualité, de la fraîcheur vendues à la criée directement sur le port au retour de la pêche.
Et aujourd’hui plus rien, le silence s’est fait sur l’Albatros, les treuils sont immobiles, les cris et les rires des marins l’ont déserté. Il n’est pas le seul à rester au port. De plus en plus de bateaux restent à quai chaque matin. Les ressources de la mer diminuent. Les quotas de pêche réduisent les prises. Le métier de marin, si difficile, n’attire plus les jeunes.
Alors les bateaux restent là, carcasses sans âme qui se meurent du sel de l’eau qui caressait leurs flancs autrefois. La marée n’emportera plus l’Albatros au loin. Pas de repreneur, pas d’acheteur. C’est bien la casse marine qui l’attend demain.
formidable d’avoir braqué les projecteurs sur cette profession en péril
On parle souvent des agriculteurs mais c’est vrai que les marins sont également dans des positions difficiles.
Très joli. Hier, un reportage sur la pêche et sur ce que nous mangeons droit venu des eaux m’a glacé le sang. Mais ces bateaux, ce sont aussi des histoires d’hommes. Bravo !
C’est ce que je me suis dit aussi, sur ces bateaux des hommes ont vécu, ont travaillé durement. Merci beaucoup !
Beau texte qui trouve forcément un écho en moi ! J’aime beaucoup le port de Guilvinec !
Et je ne connais même pas le port du Guilvinec ! Je suis sûre que c’est un très bel endroit qui donne envie de partir au large.
La triste vie des bateaux qui une fois trop vieux restent abandonnés. Un joli texte.
Il n’y a pas que les marins qui restent au port, il y a aussi leurs bateaux qui s’encrassent et rouillent de ne plus voguer.
Pauvre Albatros ! Joli texte très poétique !
Merci beaucoup Débora !
Bien plus qu’un bateau abandonné …
J’aime beaucoup ton interprétation de cette photo.
Oui, c’est aussi l’outil, le lieu de vie des marins. Merci !
une belle participation !! triste avenir pour les marins !
la pêche et la concurrence font que beaucoup font faillite !
bien vu !! merci !!
Merci Lady Marianne, c’est un métier tellement difficile et avec aujourd’hui tellement de contraintes qu’il finit par péricliter.
Marin pêcheur, c’est un métier ô combien difficile que j’admire. C’est effectivement une profession en péril.
Alors qu’effectivement nous devrions les admirer et les aider !
belle participation et beau point de vue. ne pas oublier les pêcheurs et leur avenir incertain… merci Titine
Merci Anne-Véronique, le bateau et les hommes sont effectivement intimement liés dans leur gloire comme leur décrépitude.
Hommage aux marins-pêcheurs. Fort bien rappelé dans ce beau texte.
Merci beaucoup Kentin !
Merci à vous de l’avoir écrit
oui, hélas, cette photo fait aussi penser à ce problème-là!
La mort du bateau est également celle de l’équipage qui était à son bord.
Ces cimetières marins ont toujours un goût amer , mais ton texte adopte un très joli ton.
Oui, c’est toujours triste de voir des bateaux pourrir dans les ports, se rouiller et finir à la casse. Merci Sabine !
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