Crosby est une petite ville sur le littoral de la Nouvelle Angleterre. Olive Kitteridge y est professeur de mathématiques et son mari Henry est pharmacien. Ils ont un fils unique Christopher, coincé entre la trop grande gentillesse de son père et le côté cassant de sa mère. Il se dépêchera de quitter sa famille, se mariant trop vite et divorçant tout aussi vite. Olive n’en parle pas, elle préserve une certaine réputation malgré la solitude qui l’envahit au fil des années et des évènements de la vie. « Elle sait que la solitude peut tuer – de bien des façons, elle peut vraiment tuer les gens. La conception qu’Olive se fait de la vie repose sur ce qu’elle appelle les « grandes secousses » et les « petites secousses ». Parmi les grandes secousses, on compte les mariages, les enfants, l’intimité qui permet de survivre, mais ces grandes secousses recèlent des courants dangereux et invisibles. C’est pour cela que les petites secousses existent : ce peut-être un vendeur sympathique chez Bradley ou la serveuse du Dunkin’ Donuts qui sait comment vous prenez votre café. C’est un équilibre difficile à trouver, vraiment. »
Montrer les grandes et les petites secousses de la vie est le cœur du roman d’Elizabeth Strout. Il est constitué de treize chapitres qui sont chacun comme une nouvelle qui nous présente un habitant, une famille de Crosby et ce sur une durée de trente ans. Le fil rouge de ces histoires est Olive Kitteridge qui est parfois le personnage principal, parfois un personnage secondaire ou juste une apparition. Olive n’est pas une personne très aimable, on la dit « ni affable, ni polie ». Grande, massive, elle impressionne et son caractère changeant rebute. Pourtant, à travers ses apparitions, c’est un autre versant d’Olive qui apparaît par petites touches. Elle sait écouter les autres, elle a un don pour sentir les moments de profonde détresse et empêcher l’autre de basculer. Le tableau offert par Elizabeth Strout est nuancé, rempli de la complexité de l’âme humaine. Chaque personnage est finement analysé, étudié.
« Olive Kitteridge » m’a beaucoup fait penser au « Cœur est un chasseur solitaire« . Les deux romans sont des présentations chorales d’une petite ville des États-Unis. Ils sont constitués d’une constellation de destins le plus souvent sombres, voire tragiques. La tonalité d’ensemble est assez désespérée même si « Olive Kitteridge » se clôt sur une petite lueur d’espoir. Cette atmosphère mélancolique est renforcée par la grande attention portée sur les changements de saison. Chacune fait disparaître la précédente sans que l’on sache si l’on pourra un jour la revoir. Le temps s’écoule inexorablement, comme une fatalité.
« Olive Kitteridge » est un roman plein de délicatesse sur les petits riens et les grandes tragédies de la vie.
J’aimerai bien lire quelques classiques américains avant de me lancer dans la littérature contemporaine…
Tu vas lire Hawthorne ?
J’ai vraiment vraiment beaucoup aimé! Belle construction, jolie ambiance.
Complètement d’accord avec toi, j’ai beaucoup aimé la construction et l’atmosphère très mélancolique des différents récits.
C’est vraiment le genre de narration et de sujet que j’apprécie.
C’est presque un récit de nouvelles où l’on cherche à chaque fois Olive et on se demande quel rôle elle va jouer. C’est vraiment une belle construction.
J’ai un très bon souvenir de ce roman. Olive est un personnage fort.
Oui, même lorsqu’elle est en retrait, elle est marquante d’une façon ou d’une autre. heureusement qu’il y a eu une adaptation récente sinon je serais passée à côté !
J’ai tellement aimé le Coeur est un chasseur solitaire, que tu me donnes vraiment très envie de le lire
J’y ai pensé toute suite à cause de la construction, de la multitude de personnages et le ton mélancolique.
Si tu dis qu’il t’a fait penser au « Cœur est un chasseur solitaire », me voilà obligée de le noter (ce que je n’avais pas fait jusque là).
Note, note ! J’espère que tu aimeras autant que moi !
Il est dans ma PAL. Après ce billet , j’ai bien envie de l’en sortir plus vite que prévu.
Sinon tu peux attendre mon mois américain en septembre ! 😉
Excellente idée, et ça me laisse un peu plus de temps ! 🙂
ça se passe de nos jours ?
Bon j’aime bien les villages et les histoires de petites et grandes secousses, donc pourquoi pas, même si je crains toujours une certaine lenteur dans ce type d’histoires.
La première de couv est vraiment jolie 😉
Le livre se déroule sur une cinquante d’années mais c’est très diffus, peu marqué au niveau temporel. Je suis d’accord avec toi, la couverture est absolument superbe.
Je tourne autour depuis longtemps. Il a même fait le voyage de la bibliothèque à chez moi, mais la date est passée trop tôt … Et pourtant, je pense que j’aimerai !
Je pense également que tu aimerais, nous avons pas mal de goûts en commun ! Il n’a plus qu’à refaire un séjour chez toi !!!
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J’avais trouvé la série télé très déprimante mais j’ai l’impression que le personnage est plus nuancé dans le livre, ça me donne envie de le lire du coup.