Le rituel du dimanche matin. Les étalages aux couleurs vives, les odeurs qui embaument la place et mettent l’eau à la bouche, les sacs et caddies qui se remplissent. Les allées sont pleines à craquer, il y a la queue partout. Les gens viennent en famille, croisent leurs voisins, leurs amis. C’est joyeux, animé une place un jour de marché. Qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ? Elles sont comment vos tomates ? Et vos cerises, elles viennent d’où ?
A midi, le brouhaha des voix bat son plein, il emplit tout l’espace. Les marchands vendent à tour de bras. Mais dans une heure, il faudra tout remballer, ranger les cageots dans les camions, défaire les étals, plier les toiles. Les retardataires, les lève-tard se précipiteront avant que tout soit démonté.
C’est le moment que j’attends, le moment où moi aussi je vais participer à cette grand-messe gustative du week-end. Je guette ce qui tombe des cageots, ce qui traîne au sol. Je ramasse, je remplis à mon tour mon sac. Je glane ce qui ne pourra plus être vendu, ce qui est trop mûr, ce que les autres ne voudront pas.
Ne croyez pas que je sois seule à envahir la place une fois le marché terminé, nous sommes légion. Il y a ceux qui luttent contre le gaspillage, ceux qui font attention à leurs dépenses, ceux qui n’ont pas le choix. J’aurais pu faire partie des premiers mais j’ai tout de suite rejoint les deuxièmes. De petites économies à droite à gauche pour essayer de s’en sortir, de tenir. Mais cela n’a pas suffi.
Aujourd’hui, ma récolte a été bonne : deux pommes, quelques feuilles de salade et une orange. Un vrai repas de fête ! Que je vais déguster au bord de l’eau. Sous les ponts.
Bravo ! Tu m’as cueillie !
J’allais te laisser un commentaire du genre « ah quel joli ballet de vie » et bam, la chute 😉
Bon lundi Martine 😉
Merci, je suis contente que mon texte te fasse de l’effet ! 😉
Je pense toujours à ceux qui viennent à la fin du marché quand j’y vais. Il y a parfois des commerçants qui mettent de coté ce qui est un peu abimé ou pas vendable dans une cagette derrière leur étal. Je trouve toujours ça tellement humain.
Oui, souvent à la fin des marchés, les commerçants donnent facilement des produits qu’ils ne pourront pas vendre. Si seulement les grandes surfaces pouvaient faire la même chose.
Ces glaneurs me fendent le cœur. En début de carrière, j’habitais une zone plutôt défavorisée et je voyais certains de mes élèves récupérer les invendus du marché vers 13h00. De quoi vous couper l’appétit…
Ça devait te briser le coeur lorsque tu les voyais en cours. Quelle tristesse de voir des enfants faire ça.
Une belle mise en valeur de la face cachée d’un marché,sobre et directe..Merci d’avoir choisi d’écrire sur ce sujet.
Merci beaucoup pour message, j’ai essayé de creuser le thème du marché et j’ai repensé au formidable film de Agnès Varda sur les glaneurs.
Très beau texte. Au début en le lisant (avant d’arriver à la fin), j’ai pensé à un rongeur ou à un oiseau. La fin ramène à la cruelle réalité. Ca fait réfléchir.
Merci pour ton message, je voulais effectivement que l’on ne sache pas tout de suite de qui il était question.
C’est fou quand on pense à tous ces aliments qui sont jetés, parce que non-conformes ou un peu abimés, alors que d’autres s’endorment le ventre creux.
Je suis totalement d’accord avec toi, c’est un vrai scandale.
J’aime la gravité de ce texte qui remet les pendules à l’heure.
Merci beaucoup Sabine !
Un texte très évocateur, douloureux sur la fin mais plein de pudeur…
Je ne voulais effectivement pas tomber dans un pathos trop appuyé pour évoquer ce sujet.
C’est une triste réalité….
Malheureusement, c’est une réalité qui s’étend.
Ah oui, je vois que nous avons oeuvré dans le même sens, cela crève le coeur !
Bises
Nos textes se répondent et parlent d’une bien triste réalité.
J’ai souri, j’ai flané avec eux puis j’ai perdu mon sourire, la réalité ma rattrapée. Bien vu
Merci beaucoup Nath, heureuse que mon texte t’ait plu.
Un texte de plus en plus d’actualité dans nos grandes sociétés capitalistes qui font rêver et en déclin avec une crise qui semble ne plus vouloir se terminer… tu as su décrire la réalité avec beaucoup de pudeur ! Bravo
Merci Nady, c’est malheureusement une situation qui n’a rien d’exceptionnel et c’est un véritable scandale dans une société du gaspillage comme la notre.
comment dire .. c’est gai, triste et si douloureusement vrai
Merci beaucoup Miss Nefer !
Wow, la chute … oui, effectivement on remet tout ça en perspective avec ton texte.
Oui, je vous ai un peu assommés avec ma chute !
Joli texte, avec une chute que je n’ai pas vue venir, mais qui est hélas très réaliste.
Merci, je voulais effectivement l’amener en douceur pour qu’elle est plus de force.
Moi aussi j’ai cru à un banal marché du dimanche, et vlan ! retour à la réalité un peu grise.
Ça commençait bel et bien comme ça mais malheureusement la réalité est plus sombre et douloureuse.
Ce texte commence dans le bonheur qu’offre la balade au marché, ce moment de partage et de gaieté et la chute … La photo N&B colle parfaitement avec l’ambiance finale de ton texte, malheureusement triste, presque sans espoir, mais malgré tout existante sur laquelle il ne faut pas fermer les yeux. Jolie et émouvante interprétation de cette photo.
Je te remercie beaucoup pour ton message qui me fait vraiment plaisir.