Après la redécouverte de l’unique livre de Françoise Frenkel, voici celle d’une photographe allemande qui exerça ses talents entre 1934 et 1944 de Berlin à New York lorsqu’elle fuyait le nazisme. Ce sont deux chercheuses berlinoises qui, en 2008, sont allées chez Lore Krüger et ont découvert une valise remplie d’une centaine de clichés. Étant donné la qualité du travail, elles décidèrent d’en faire une exposition à Berlin qui maintenant est à Paris au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme.
Lore Krüger est née dans une famille bourgeoise qui sera durement frappée par la crise de 1929. La jeune femme se met à travailler comme sténographe mais elle sera renvoyée en 1933 car elle est juive. Elle comprend donc qu’il lui faut quitter son pays et son périple commença à Londres où elle emporta l’appareil photo que son père lui avait offert. C’est là qu’elle commence à devenir photographe. Par la suite, elle devra rejoindre ses parents à Majorque puis s’installe à Barcelone pour finalement atterrir à Paris.
Dans la capitale française, elle fait une rencontre décisive, celle de Florence Henri dont elle suit les cours. La photographe française ouvre la jeune allemande aux possibilités de l’avant-garde, du Bauhaus. Florence Henri réalise de très beaux portraits de Lore Krüger, notamment celui qui sert d’affiche à cette exposition.
Malheureusement l’exil de Lore Krüger ne s’achève pas à Paris. A l’arrivée des nazis en 1940, elle est internée au camps de Gurs avec sa sœur et son mari mais elle réussit à en sortir quelques mois après pour rejoindre Marseille. De là, elle se rend au Mexique et enfin à New York. Là-bas, elle et son mari travaillent pour un journal anti-fasciste. A la fin de la guerre, ils retournent à Berlin mais dans la partie est puisqu’ils étaient farouchement communistes.
L’exposition présente le travail de Lore Krüger par villes où elle est passée et souligne la diversité de son travail. On y voit les expérimentations parisiennes avec des effets de matière dans les natures mortes, des photogrammes et des compositions très travaillées (la série avec le masque africain montre bien ses recherches formelles.)
Mais il y a également tout un pan humaniste à son travail et qui est visible dès son passage à Majorque où elle photographie des pêcheurs et leurs familles. Les compositions sont très travaillées mais elle cherche avant tout à témoigner d’une actualité violente et douloureuse puisque l’armée franquiste avait attaqué Majorque. A Paris, elle immortalise la Tour Eiffel mais elle n’oublie pas ceux qui dorment sous les ponts. Les plus beaux portraits qu’elle réalise sont ceux des gitans durant leur pèlerinage à Saintes-Maries-de-la -Mer en 1936. Il y a beaucoup d’empathie, de respect et d’humanité dans le regard qu’elle pose sur eux.
Malheureusement, Lore Krüger cesse d’être photographe vers 1946 suite à de graves problèmes de santé. L’exposition du mahJ montre à quel point elle aurait pu devenir une photographe essentielle du 20ème siècle.
de très beaux clichés!
Oui, malheureusement elle n’en a pas laissé beaucoup. Les portraits d’elle par Florence Henri sont également très beaux.
J’aime, j’aime ! Merci pour ces photographies et ce que tu en dis : « Il y a beaucoup d’empathie, de respect et d’humanité dans le regard qu’elle pose sur eux. » rhoooooo j’aime ❤
Merci pour ton enthousiasme Framboise ! Je suis contente d’avoir partagé ce billet avec toi.
J’ai également vu cette exposition, mais je n’ai pas été très emballée… la série sur les gitans m’a beaucoup plu, ainsi que le portrait de la jeune femme en robe à fleurs, mais les autres photographies présentées ne m’ont pas vraiment enthousiasmée.
Mince, c’est dommage. J’ai trouvé que la plupart des photos était très aboutie pour une artiste débutante.
Intéressant ! Je ne connais pas ce musée…
Il se trouve pas loin de Beaubourg, il y a bien entendu un fonds en plus des expositions organisées régulièrement.
Je ne connais ni cette artiste ni ce musée mais j’ai très envie de les découvrir … Et comme les vacances approchent, je pense que c’est pour bientôt ! Merci pour l’idée !
J’espère que tu aimeras, il faudra que tu me racontes ta visite.