Bilan livresque et films d’octobre

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Un bilan d’octobre un peu maigre au niveau des lectures mais toutes de grande qualité : le premier roman de Molly Prentiss qui fut un coup de cœur pour moi, l’âpre roman de Aki Ollikainen, le très beau et émouvant dernier roman de Joyce Maynard et le non moins touchant roman de Abha Dawesar, auteur découvert durant le festival America.

Ce bilan est aussi l’occasion de fêter les neuf ans de cet humble lieu. Déjà neuf ans de billets en tout genre, de lectures communes, de challenges, de mois thématiques, de rencontres précieuses et d’amitiés durables. L’envie de partager est toujours là mais je me pose des questions sur la forme que celle-ci prendra. Ce blog est-il toujours le lieu adéquat pour ça ? A-t-il véritablement un écho, une place dans ce fourmillement de blogs littéraires et culturels ? Je réfléchis encore à ses questions et je vais au moins essayer d’aller jusqu’aux dix ans !

En attendant, parlons un peu de cinéma !

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Louis, auteur à succès, va bientôt mourir. Il décide d’aller l’annoncer à sa famille qu’il n’a pas revu depuis douze ans. Mais le retour est plus compliqué que ce qu’il imaginait. Son frère, Antoine, est hostile et agressif. Sa mère est au bord de l’hystérie. Sa soeur, Suzanne, se souvient à peine de lui et ne sait comment réagir. Seule la femme d’Antoine, Catherine, pressent les raisons qui ont poussé Louis à revenir. Le dernier film de Xavier Dolan est l’adaptation d’une pièce de Jean-Luc Lagarce qui est décédé du sida en 1995. On comprend rapidement les raisons du départ de Louis. Son homosexualité a du bouleverser les siens et son frère est encore en colère douze ans après. La tension est palpable, la violence et les hurlements ne sont jamais très loin. Le retour de Louis exacerbe tous les sentiments, la tristesse comme l’hystérie, la tendresse comme la jalousie. La communication est définitivement coupée et aucun des membres de la famille ne peut comprendre les autres. Comme dans « Mommy », Xavier Dolan doit beaucoup à ses acteurs. Gaspard Ulliel se fait taiseux, son visage dégage de la mélancolie, il est déjà parti. Vincent Cassel et Nathalie Baye sont dans l’outrance pour mieux nous révéler les fêlures de leurs personnages. Le beau personnage de Catherine est joué par Marion Cotillard, et la jeune soeur par Léa Seydoux. Tous jouent sur le fil du rasoir sans jamais tomber dans le ridicule, leurs partitions sont subtiles et délicates. Mon seul bémol est le dernier plan du film à la symbolique inutile et trop appuyée.

Et sinon :

  • Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton : A la mort de son grand-père, Jacob découvre que les étranges histoires qu’il lui racontait enfant sont vraies. Elles le conduisent dans la pension de Miss Peregrine et ses enfants particuliers. Jacob va devoir protéger les résidents de cette demeure coincée dans une boucle temporelle. Tim Burton ne pouvait qu’adapter ce roman de Ransom Riggs tant il est proche de son propre univers. Enfants aux caractéristiques étonnantes, maison gothique, histoire de tolérance et d’enfance, Burton retrouvent ses thématiques fétiches et son esthétique qu’il avait perdues de vue ses derniers temps. Eva Green en Miss Peregrine est absolument irrésistible.
  • La fille inconnue des frères Dardenne : Jenny est médecin dans un cabinet médical dans un quartier défavorisé de Liège. Un soir, plus d’une heure après la fermeture, elle demande à son stagiaire de ne pas ouvrir à la personne qui sonne. Elle se sent trop fatiguée pour soigner correctement la personne. Le lendemain, cette dernière est retrouvée morte quelques mètres plus loin. Jenny, culpabilisant, se lance à la recherche de l’identité de l’inconnue décédée. Le personnage central de ce film est peu attachante, elle est brusque, sèche et buttée. Mais son dévouement sans faille à donner un nom à la morte finit par émouvoir. Comme toujours chez les frères Dardenne, on ne lâche pas d’une semelle leur héroïne qui est remarquablement interprétée par Adèle Haenel. Peut-être moins prenant que leurs derniers films, « La fille inconnue » reste un beau moment de cinéma humaniste.
  • Soy Nero de Rafi Pitts : Nero, 19 ans, tente à tout prix de traverser la frontière américaine. Fils d’immigrés mexicains, il a grandi à Los Angeles et s’y sent chez lui. A la mort des ses parents, il a été expulsé. En trois tableaux, trois moments de la vie de Nero, le réalisateur montre la place des immigrants aux États-Unis. Nero finit par rejoindre l’armée qui seule peut lui offrir la nationalité américaine. Ces soldats sont appelés des « greencards soldiers », ils risquent leurs vies sans assurance d’obtenir le saint Graal tant convoité. Dans chacun des trois tableaux, Nero ne semble pas à sa place, décalé et cherchant désespérant une identité à laquelle se raccrocher. Un film qui en dit long sur l’état des États-Unis aujourd’hui.

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18 réflexions sur “Bilan livresque et films d’octobre

  1. bravo pour tes 9 ans de blog !!et toujours aussi motivée et enthousiaste pour organiser des mois thématiques et des challenges, chapeau !

  2. Des lectures de qualité, c’est le principal !! Déjà 8 ans, bravo. Je trouve que ton blog a tout à fait sa place sans ce « fourmillement » de blogs, et j’espère bien que tu iras jusqu’aux 10 ans (et bien plus). C’est marrant, moi aussi j’ai de plus en plus envie de parler de cinéma …:-)

    • Je vais aller jusqu’aux dix ans, c’est certain après il ne faut pas non plus que la lassitude s’installe. Dans mon cas, c’est plutôt un manqua patent de temps qui m’empêche de profiter pleinement de mon blog (je réponds à ton message 20 jours après par exemple !). C’est super si tu parles plus de cinéma !

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