Le château de Edward Carey

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« Le répugnant et le malodorant, le brisé, le fêlé, le rouillé, l’usé, l’endommagé, le puant, le laid, le toxique et l’inutile, nous les aimions tous, avec quel amour nous les aimions ! Il n’est pas plus grand amour que celui des Ferrayor pour les rebuts. Tout ce que nous possédons est grisâtre et terreux, poussiéreux et malodorant. Nous sommes les rois de la pourriture et de la moisissure. Je pense que nous les possédons -oui, vraiment. Nous sommes les nababs de la putréfaction. »  Le château de la famille Ferrayor s’élève effectivement sur un monticule de détritus. Depuis des générations, la famille s’occupe des ordures de Londres. Le château abrite tous les membres de la famille. Chacun, à sa naissance, a reçu un objet qu’il ne doit pas quitter. Les problèmes de la famille commencent le jour où tante Rosamund perd sa précieuse poignée de porte. Clod, l’un de ses neveux, est appelé pour la retrouver. Celui-ci a en effet un talent étonnant, il entend parler les objets de naissance et peut donc les localiser. Chaque objet répète sans cesse un nom. La bonde de Clod se nomme James Henry Hayward. En recherchant la poignée de porte de sa tante, notre jeune narrateur va faire la connaissance d’une servant recouverte de tâches de rousseur : Lucy Pennant. Leu duo va changer le cour de la vie des Ferrayors.

Attention coup de cœur ! Avec « Le château », Edward Carey crée un monde, un univers à part entière régit par des traditions strictes et qui va petit à petit être menacé par l’amitié entre Clod et Lucy. Entre la fantasy et le steampunk, ce roman m’a fortement évoqué l’univers du Gormenghast de Mervyn Peake. L’atmosphère est sombre, gothique comme en témoignent les somptueux dessins d’Edward Carey qui illustrent le roman. La destinée des enfants Ferrayor est écrite dès la naissance. Ils devront rester au château toute leur vie et à 16 ans épouser la cousine qu’on leur aura choisie. Comme le Titus d’Enfer de Peake, Clod aspire à autre chose et notamment à se libérer des carcans imposés par sa famille. Sa recherche de liberté et de justice est au cœur de ce roman mais son but risque de lui coûter bien cher.

L’écriture d’Edward Carey est formidablement cinématographique et inventive. Certaines scènes s’impriment durablement dans le cerveau du lecteur (c’était également  le cas pour la trilogie de Mervyn Peake) : la tempête de détritus qui se transforment en mer déchaînée, la révolte et l’alliance des objets, la fin du roman surprenante et terrible. Edward Carey happe son lecteur dès les premières pages et nous entraîne dans son univers foisonnant et sombre. Les descriptions du château, des personnages sont détaillées et donnent chair à cet univers incroyablement original.

Ne passez pas à côté du formidable imaginaire d’Edward Carey qui vous entraîne dans les entrailles du cauchemardesque château de la famille Ferrayor. La bonne nouvelle, c’est que le château n’est que le premier tome d’une trilogie !

5 réflexions sur “Le château de Edward Carey

    • Je ne suis en général pas amatrice de SF ou de Fantasy. Mais, comme chez Mervyn Peake, il y a une inventivité irrésistible et un sens de la narration qui emporte. Il y a aussi un petit côté Dickens dans le récit de Carey.

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