Honoré et moi de Titiou Lecoq

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De la vie de Balzac, je connaissais les grandes lignes : ses problèmes d’argent qui lui pourrirent la vie, les deux entrées de sa maison à Passy pour lui permettre de fuir les huissiers, sa mère peu aimante et distante, son amour pour Mme Hanska. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire la biographie de Titou Lecoq et il faut bien le dire : Honoré aurait pu être un personnage de sa Comédie humaine.

La grande affaire de sa vie fut sans aucun doute l’argent : Balzac veut devenir riche et il tentera tout (mais alors vraiment tout) pour y parvenir. Et c’est par ce biais que Titiou Lecoq choisit de nous parler de sa vie. Malheureusement pour Honoré, il n’est pas doué pour les affaires, à 29 ans il a déjà une faillite à son actif. Ce qui est fabuleux chez lui, c’est que rien ne l’arrête, toutes ses idées s’avèrent mauvaises mais il garde une confiance totale en son avenir. « Ensuite, eh bien, il va publier ses œuvres intégrales et devenir riche, écrire des pièces de théâtre et devenir riche, extraire de l’argent des mines de Sardaigne et devenir riche, vendre le bédouck et devenir riche, épouser Eve à la mort de son mari et devenir riche. Donc aucune inquiétude à avoir. Franchement, comment cela pourrait-il tourner mal ? » Titiou Lecoq nous présente un Balzac poissard, un perdant sublime et flamboyant aux tenues extravagantes. Et Honoré, qui est également geignard et d’une formidable mauvaise foi, nous apparait extrêmement sympathique. Immature et naïf, il est également un auteur génial qui a connu la gloire en seulement trois livres. « En trois ans, avec trois livres, Honoré est devenu un écrivain à succès. C’est le moment ou jamais d’assainir ses finances et de régler ces dettes qui lui empoisonnent la vie au quotidien, le stressent, le mettent sous pression permanente. Ou pas. » Un personnage hors-norme qui refusait de se plier aux règles édictées par la société et qui en demandait toujours plus à la vie. On sent la tendresse immense que lui voue Titiou Lecoq. Elle nous parle de lui comme d’ami dans une langue qui dépoussière totalement le genre de la biographie. Mais le ton désinvolte de l’auteure ne doit pas faire oublier l’important travail de fond qui nous permet de mieux connaître la vie de Balzac (et notamment le fait que sa mère n’était pas si mauvaise que cela puisqu’elle lui a prêté de l’argent tout au long de sa vie).

« Honoré et moi » se dévore avec régal. Le style est enlevé, frais, plein d’humour et d’empathie pour l’un de nos plus grands écrivains. Honoré de Balzac reprend vie (et quelle vie !) sous la plume de Titiou Lecoq.

9 réflexions sur “Honoré et moi de Titiou Lecoq

  1. Je ne sais plus chez qui je l’avais repéré et ta piquûre de rappel est fort bien venue, car je l’avais totalement oublié!! ça a l’air réjouissant, et comme je n’ai pas envie de lire du plombant en ce moment, c’est parfait!

    • Réjouissant est vraiment le terme qui définit le mieux cette lecture ! C’est vraiment l’essai que j’ai préféré durant le grand prix des lectrices Elle.

  2. Je l’ai déjà vu passer chez Blandine (Vivrelivre) qui a beaucoup aimé également ! Je l’ai noté mais il n’est pas à la bib pour le moment…

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    • Je trouve que cette biographie peut être une bonne porte d’entrée à son oeuvre. Elle y montre en quoi il était novateur et ce qui est l’essence de son travail.

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