« Betty » est un hommage que rend Tiffany McDaniel à sa mère. Betty Carpenter nait en 1954 en Arkansas dans une baignoire. Elle est la 6ème enfant d’une famille qui en comptera huit. Son père est d’origine cherokee et sa mère est blanche. Betty ressemble à son père, la petite indienne a la peau brune et les yeux noirs, ce qui lui vaudra bien des humiliations à l’école de la part des autres élèves et des enseignants. Les Carpenter ont parcouru de nombreux états avant de revenir à Breathed, Ohio, la ville de la mère, Alka. C’est là que Betty grandira avec ses frères et sœurs, là qu’elle fera l’apprentissage de la vie, de ses joies et de ses douleurs.
« Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. »
Au fur et à mesure des 720 pages qui composent ce livre, Betty se révèle une jeune fille forte, puissante, capable de faire face aux drames les plus difficiles, aux révélations les plus violentes sur sa famille. Elle affronte et résiste au couteau. Elle s’inscrit dans la lignée des femmes cherokee, une tribu matriarcale et matrilinéaire comme lui rappelle sans cesse son père. Mais être une jeune fille métisse, pauvre de surcroit, est un défi dans cette petite bourgade rurale.
Mais « Betty » n’est pas seulement un récit féministe. Il s’ouvre en 1909 et se clôt en 1973, ce sont les dates de naissance et de mort de Landon Carpenter, le père de Betty. Ce personnage rejoint directement le panthéon des figures de père de la littérature, juste à côté d’Atticus Finch. Jardinier hors pair, guérisseur, ébéniste, Landon est également un conteur extraordinaire. Au travers de ses récits, mélange de fantaisie et de contes cherokee, il embellit la vie de ses enfants, l’illumine et l’élargit. Il donne à Betty le goût de la poésie, des histoires. Et c’est l’une des choses qui m’a enthousiasmée dans ce livre, il rend hommage au pouvoir de l’imagination, au pouvoir des mots. Betty écrit les drames de sa famille et les enferme dans des bocaux qu’elle met en terre. Ce sont les mots qui permettent à Betty de retranscrire l’histoire de chacun des membres de sa famille, de dire la douceur de Fraya, la folie de sa mère, le talent de dessinateur de Trustin, la coquetterie de Flossie, les obsessions de Lint et l’immense bienveillance de son père.
Durant 500 pages, je me suis dit que « Betty » était un grand roman, ce qui était déjà beaucoup. Mais les 200 dernières pages m’ont emportée dans un torrent d’émotions me montrant à quel point je m’étais attachée à chacun des membres de la famille Carpenter. « Betty » est un roman magistral, déchirant et d’une rare poésie.
Traduction François Happe
Un roman très fort !
Oui, c’est vraiment un beau roman très marquant.
décidément, je n’ai lu presque que des avis très positifs sur ce roman, et tu remets un coup de projecteur dessus. Merci, et bonne année!
Je n’ai pas lu non plus d’avis négatifs sur Betty, je crois qu’il remporte l’unanimité.
Mon plus gros coup de coeur de 2020 😍
Je comprends, il est magnifique !
j’attends le bon moment pour le lire, avec beaucoup d’attentes!
Tu peux attendre qu’il sorte en poche pour le lire, comme ça tu laisses retomber un peu tes attentes !
Betty est un énorme coup de coeur et en effet, les 200 dernières pages sont hautement émotionnelles !
A partir de la scène du cercueil qui circule en ville, j’ai été totalement happée par l’émotion. Bravo à elle !
J’ai été happée assez vite par la personnalité du père 🙂
Il est en bonne place sur ma PAL, il me tarde !