L’allègement des vernis de Paul Saint Bris

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Aurélien est directeur du département des peintures du musée du Louvre. Sous sa garde se trouve le tableau le plus célèbre du monde : la Joconde de Léonard de Vinci. Celle-ci va être encore plus sous le feu des projecteurs lorsque la nouvelle présidente du musée, Daphné Léon-Delville, décide de restaurer le portrait de Lisa Gherardini. C’est l’agence Culture Art Média qui a conseillé à Daphné ce coup de com incroyable et supposé faire exploser la rentabilité et les recettes du Louvre. Aurélien, réticent à l’allégement des vernis sur ce tableau, va pourtant devoir trouver le restaurateur qui aura assez de cran pour toucher à Monna Lisa, suivre son travail de près mais également organiser une exposition sur le tableau afin de faire patienter les visiteurs. Son poste repose entièrement sur le résultat de cette opération extrêmement délicate qui doit permettre de rendre à nouveau lisible le portrait sans trop dénaturer l’image que les visiteurs en ont aujourd’hui.

Depuis la restauration de la Sainte Anne de Léonard de Vinci, qui nous a fait redécouvrir la délicatesse de sa palette chromatique, je ne rêve que de l’allègement des vernis sur la Joconde ! Autant vous dire que le premier roman de Paul Saint Bris était fait pour moi et que je me suis régalée en le lisant. Outre que l’auteur fait montre d’une parfaite connaissance du musée du Louvre et des enjeux d’une telle restauration, il nous offre une satire drôle et pertinente de notre époque où tout doit être réduit au rendement et à la communication. Au grand désespoir d’Aurélien, la culture, qui est pour lui un refuge, n’échappe pas à l’air du temps. « La parole scientifique, celle des experts et des historiens, s’étaient effacée derrière la communication, bien plus à même de garantir des entrées et de faire progresser les chiffres de la billetterie. Le savoir n’était plus assez vendeur, de toute façon wikipédia avait réponse à tout. L’expérience ou plutôt la promesse d’expérience avait pris le relais de la connaissance. » Aurélien, la cinquantaine, est un conservateur à l’ancienne, dépassé par le jargon des consultants engagés par Daphné. On éprouve beaucoup de sympathie pour lui, écrasé qu’il est par sa mission. Paul Saint Bris crée également un personnage fabuleux : Homero, l’homme de ménage qui virevolte entre les sculptures avec son autolaveuse et nous offre des scènes d’une poésie folle. Son rapport aux œuvres d’art est direct, simple et inspirant.

« L’allègement des vernis » est un roman savoureux, irrésistiblement satirique et vif. Je m’y suis sentie comme chez moi et il a réveillé mes souvenirs d’étudiante en histoire de l’art.

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