Une fin heureuse de Maren Uthang

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Nicolas Christiansen est croque-mort, comme sa mère et son grand-père avant lui. La mort tient une place essentielle dans cette famille depuis le XIXème siècle. Tout commença sur Tikopia, une ile polynésienne où le nombre d’habitants devait rester parfaitement identique et où l’on n’hésite pas à éliminer les nouveaux-nés pour ce faire. Un ancêtre de Nicolas se chargeait de cette sombre tâche. La lignée des Christiansen, où tous les garçons se nomment Christian et les filles Liliane, nous transporte ensuite à Amsterdam pour s’ancrer à Copenhague. Pendant qu’il prépare ses enfants à un voyage, Nicolas, le seul à ne pas porter le traditionnel prénom, se remémore ces sept générations qui s’occupèrent d’accompagner les morts et leurs familles. Et il constate que ce métier ne va pas sans apporter certaines tares aux membres de sa famille. Lui-même est nécrophile…

En lisant la 4ème de couverture du roman de Maren Uthaug, j’ai forcément pensé à la géniale série « Six feet under » où l’on voit évoluer une famille de croque-morts. L’autrice danoise pousse le curseur bien plus loin et a écrit un roman dérangeant (certaines scènes ne sont pas à mettre sous tous les yeux), provocant, avec une bonne dose d’humour noir et dont le titre est d’une ironie délectable. Côtoyer la mort abîme la famille Christiansen ou leurs gènes étaient-ils de toute façon corrompus ? Certains membres de la famille sont habités par le mal, visible par la rougeur de leurs yeux, par des perversions morbides (nécrophilie, torture d’animaux) ou des dons étranges (l’un d’eux voit et parle aux morts). C’est donc une saga familiale extrêmement particulière et tordue que nous propose Maren Uthaug, mais qui s’avère particulièrement réjouissante à lire (si vous avez le cœur bien accroché quand même).

« Une fin heureuse » nous offre également un panorama très intéressant sur les rites funéraires à travers le temps et l’évolution de notre rapport à la mort. C’est le cas notamment de l’incinération longtemps inadmissible ou des conditions d’hygiène dont on ne pensait pas qu’elles pouvaient augmenter la mortalité (il y a beaucoup d’épidémies dans le roman : choléra, diphtérie, etc…).

« Une fin heureuse » est un roman gonflé, déconcertant, à l’humour corrosif et assurément captivant. Âmes sensibles s’abstenir !

Traduction Marina et Françoise Heide

3 réflexions sur “Une fin heureuse de Maren Uthang

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