Le Lieutenant Burda

BUrda

Le Lieutenant Burda approchait de la trentaine, il était un officier respecté, digne, un peu austère et très à cheval sur la question de l’honneur. Son allure était tout particulièrement soignée. « Le soin raffiné et en quelque sorte caché qu’il prenait de sa présentation, cela va s’en dire, était en dernier ressort étroitement lié à son souci d’impressionner l’autre sexe le plus favorablement possible et de ce point de vue, cela va également de soi, Burda se considérait comme irrésistible. Non qu’il fît de quelque manière étalage de cette conviction, ou qu’il se vantât de ses conquêtes comme certains parmi nous ne manquaient de le faire, il observait plutôt la plus grande discrétion en la matière et seuls quelques symptômes pouvaient le laisser entendre. » Le Lieutenant Burda, malgré son origine petite-bourgeoise, ne regardait que les femmes de l’aristocratie. C’est ainsi qu’il s’éprit d’une princesse de la haute société, une passion impossible.

Je découvre, avec cette nouvelle, la plume de Ferdinand von Saar (1833-1906) qui est souvent comparé à Maupassant. L’intrigue nous est racontée par un tiers, un autre officier qui partagea l’appartement de Burda à Vienne. Celui-ci voit peu à peu son ami perdre pied avec la réalité. Burda croit à la réciprocité de son amour, il en perçoit des signes partout. Le personnage s’aveugle, plonge dans la paranoïa et le délire de persécution.

« Le Lieutenant Burda » se déroule dans la première moitié des années 1850, dans une société viennoise engoncée dans ses traditions et dans une hiérarchie rigide. Les militaires, qui ont précédemment sauvé le pays, sont peu considérés, leurs soldes sont modestes. Il n’y a donc aucune chance pour qu’une princesse aussi prestigieuse puisse s’intéresser à notre pauvre lieutenant. La monarchie autrichienne, qui arrive bientôt à sa fin, s’accroche à ses principes comme l’explique parfaitement bien Jacques Le Rider, également traducteur du texte, dans sa riche postface.

Malheureusement méconnu en France, Ferdinand von Saar mérite d’être lu. On peut saluer le travail des Editions Bartillat qui nous permettent de découvrir l’écriture élégante, le pessimisme profond et le réalisme de cet auteur autrichien.

Traduction Jacques Le Rider

2 réflexions sur “Le Lieutenant Burda

  1. inconnu au bataillon (!) cet auteur… mais je le note, surtout si on le compare à Maupassant que j’adore! 🙂

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