Les éphémères d’Andrew O’Hagan

editions-metailie.com-les-ehemeres-ephemeres-bande-hd-300x460

Eté 1986, dans le Comté du Ayrshire, James est livré à lui-même depuis la séparation de ses parents. Il réussit à décrocher son entrée à l’université et, en attendant, il doit trouver un petit boulot, ce qui n’est pas chose aisée dans une région meurtrie par la politique de la dame de fer. « Nous n’avions pas d’emplois pour autant. Le thatchérisme avait traversé la ville comme les fléaux de l’Exode. Nous avions eu le sang et les grenouilles, et nous attendions les furoncles et les sauterelles. » Cet été-là restera pourtant gravé à jamais dans la mémoire de Jimmy. Son meilleur ami Tully, qui travaille dans une usine métallurgique, décide d’emmener toute sa bande de copains à Manchester pour un concert réunissant New Order, The Smiths, les Fall et Magazine. Cette virée au cœur de la New Wave marquera aussi la fin de leur adolescence.

Un roman dans lequel sont cités dans ses cinquante premières pages Henry James, E.M. Forster, Chostakovitch, Shakespeare, Evelyn Waugh, Edith Sitwell, The Smiths, New Order, les ravages du thatchérisme, était forcément un livre pour moi. « Les éphémères » mélange réalisme social – nos héros viennent de la classe ouvrière – et beaucoup d’humour. Je l’aurais bien vu adapté par Ken Loach. Le roman se découpe en deux parties : été 1986 et automne 2017. La première période nous présente de jeunes hommes fougueux, provocateurs, torturant leurs amis en les obligeant à écouter du Phil Collins ! Leur week-end à Manchester leur permettra d’oublier leurs problèmes, leurs questionnements. Même si le récit est teinté de nostalgie, se dégage de cet été 1986 une folle et joyeuse insouciance.

L’automne 2017 est plus tragique, même si les vannes restent de mise. Cette partie souligne surtout la puissance de l’amitié de Tully et Jimmy qui s’est nouée autour de références musicales, cinématographiques et qui se révèle indéfectible. Le temps a passé, mais les personnalités de chacun sont restées intactes. Il est émouvant de voir ce qu’ils sont tous devenus, comment ils ont tracé leur route depuis Manchester.

« Les éphémères » est un très beau roman sur l’amitié, sur le tourbillon de la jeunesse, dont les personnages sont profondément attachants et qui parle formidablement bien de musique.

Traduction Céline Schwaller

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.