Il était une fois en Amérique de Harry Grey

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« Et puis merde, le monde est une jungle, c’est chacun pour soi. Le meilleur qui gagne, la loi du plus fort, tout ça. Et on est forts – OK, notre audace et notre énergie excessive pourraient trouver des voies plus nobles pour s’exprimer, mais qui a la patience ? On veut atteindre le sommet de l’échelle le plus vite possible. On a notre claque de cette pauvreté. » Noodles, Max, Cockeye, Dominik et Patsy grandissent dans le Lower East Side dans les années 20. Gamins des rues qui tentent de gagner leur subsistance par de petits larcins, ils vont en grandissant intégrer la mafia et devenir de vrais caïds. Leur milieu social ne leur donne pas d’autres choix et le New York de la prohibition est le royaume des gangs. L’argent, l’alcool et les jolies filles sont à portée de main pour des gamins aussi débrouillards et intelligents que Noodles et Max.

Avant cette publication par les éditions Sonatine, je ne savais pas que le grand film de Sergio Leone était tiré d’un livre. Harry Grey l’a écrit à Sing Sing et il est largement autobiographique. Ce roman fleuve nous plonge dans les bas-fonds de New York, les speakeasies où l’alcool coule à flot et où les couteaux et les flingues surgissent à la moindre anicroche. Harry Grey détaille avec beaucoup de précision le cadre dans lequel s’inscrit l’histoire des amis d’enfance. Leur cohésion, leur fidélité font d’eux une équipe redoutable appelée à remettre de l’ordre dans un casino ou à braquer une compagnie d’assurance. Bien-sûr, toutes ces opérations ne se font pas sans faire couler beaucoup de sang, la bande de Noodles et Max est d’ailleurs spécialisée dans la disparation des cadavres gênants. Excessifs, grandiloquents, sûrs d’eux, Noodles et ses amis sont des personnages « bigger than life » qui méritaient d’être immortalisés dans les pages d’un livre et sur grand écran.

Si vous aimez les ambiances des films de Martin Scorsese et si bien-sûr vous avez aimé l’adaptation de Sergio Leone, vous ne serez pas déçus par la lecture du roman de Harry Grey qui vous transportera dans l’Amérique des années 20 et 30, celle de la prohibition et de la montée en puissance de la mafia.

Traduction Caroline Nicolas

Le vent léger de Jean-François Beauchemin

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Dans les années 70, la famille Couston est composée de six enfants pour qui la beauté des êtres et des choses est une source de joie. En dehors de l’école, de la lecture de livres ramenés par leur père de son travail chez un primeur, les occupations favorites des enfants sont les suivantes : « (…) observation du ciel, imitation des oiseaux navigant aux instruments, promenades dans les collines, discussions avec papa dans l’atelier, visites chez le fermier Bertin, développement d’un certain art de la fainéantise. » L’équilibre harmonieux de la famille va être bientôt bouleversé par le cancer de la mère et son inéluctable fin. Le chagrin profond privera-t-il la famille de toute lumière ?

« Presque toute notre pensée s’expliquait par la joie. La malchance, les éraflures aux genoux, les effondrements, certains ciels de catastrophe, les portes refermées sur la nuit noire, rien de tout ça ne venait à bout de notre émerveillement devant le spectacle d’un renard croisant notre chemin dans le sentier, de la courbe harmonieuse d’une colline ou d’une étoile placée à la verticale de la maison. »  Cette phrase me semble merveilleusement bien définir le travail littéraire de Jean-François Beauchemin. Dans « Le roitelet », qui fait partie de mes livres préférés de 2023, et dans « Le vent léger », l’auteur québecois aborde des thèmes difficiles et à priori plombants. Mais l’impression donnée par ses livres est la lumière, la joie face à la beauté de la nature et aux petites choses du quotidien. « Le vent léger » m’a fait penser au livre de Mathieu Persan, « Il ne doit plus jamais rien m’arriver ». Les deux textes évoquent la disparition d’une mère mais tous les deux se révèlent tendres et capables de trouver la lumière dans le deuil et le chagrin. Le chaos du monde s’entremêle chez Jean-François Beauchemin à celui de la famille Couston, les grands et les petits malheurs se mélangent sans que l’avenir ne semble s’assombrir. Cela pourrait être mièvre, un trop plein de sentiments pourrait noyer le lecteur. Mais, ce serait sans compter sur la beauté, la poésie infinie de l’écriture de l’auteur qui m’a absolument enchantée.

En commençant la lecture du « Vent léger », je craignais que la magie du « Roitelet » n’opère plus. Mais Jean-François Beauchemin est un écrivain formidablement talentueux et ses textes sont touchés par la grâce.

Bien sous tous rapports de Louise Candlish

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Lowland Way est une rue londonienne calme, paisible et très cossue. Les habitants ont été félicités par la mairie pour l’organisation de « Dimanche on joue dehors » qui permet aux enfants de jouer dans la rue, la circulation étant bloquée d’un commun accord. Cette tranquillité va être perturbée après la mort de la grand-mère vivant au n°1. N’ayant pas d’héritier, elle laisse sa maison à son neveu Darren Booth. Celui-ci ne cadre pas vraiment avec ce quartier familial et bourgeois. Il écoute du hardrock à fond toute la journée, picole beaucoup et répare illégalement des voitures d’occasion. Les véhicules sont garés partout dans Lowland Way et le jardin du n°1 ressemble rapidement à une décharge. De quoi gâcher l’existence des autres habitants, les relations avec le nouveau voisin s’enveniment rapidement jusqu’au drame.

J’avais beaucoup aimé « Chez nous », le premier roman de Louise Candlish qui portait également sur la thématique de la maison et utilisait différents types de narration. L’intrigue est ici également très travaillée et maîtrisée. Elle se développe au départ comme un compte-à-rebours vers un évènement tragique. Celui-ci est connu dès le départ puisque chaque chapitre débute par un extrait de la déposition à la police de l’un des habitants du quartier. Après ce moment fatidique, l’histoire ne faiblit pas et reste haletante avec de nombreux rebondissements. Chaque chapitre est consacré à l’un des personnages permettant ainsi de parfaitement déployer la psychologie de chacun. « Bien sous tous rapports » est une confrontation de classes sociales. Les à-priori sont légion malgré la bienveillance et la bienpensance des habitants. L’arrivée de Darren Booth et de sa femme, d’extraction populaire, va être un révélateur et un catalyseur de violence. Le vernis des bonnes manières se craquèle et ce qui est dessous n’est pas beau à voir : mesquineries, mensonges, coups bas, jalousie. Louise Candlish joue avec les apparences et nous montre qu’elles sont souvent trompeuses.

« Bien sous tous rapports » est un thriller implacable qui égratigne la bourgeoisie londonienne et dont les rebondissements nous empêchent de le lâcher !

Traduction Caroline Nicolas

Concours La Table Ronde #2

Nous sommes très heureuses aujourd’hui de vous proposer un deuxième concours en partenariat avec les éditions de la Table Ronde, que nous remercions vivement pour leur gentillesse et leur générosité dans le cadre des 10 ans de notre challenge.

Comment fonctionne le concours ?

Nous vous proposons un concours sur nos blogs, et un autre sur le compte Instagram officiel du Mois anglais, @ayearinengland2021, géré par les trois créatrices du challenge. Si vous suivez le challenge uniquement sur le groupe Facebook, vous pouvez tout à fait participer via nos blogs.

Pour participer et tenter de gagner un exemplaire sur nos blogs, c’est tout simple ! On vous propose de:

  • nous indiquer le titre que vous aimeriez remporter
  • nous dire ce que vous aimeriez faire ou qui vous aimeriez rencontrer si vous aviez la possibilité de vous balader dans l’Angleterre de la première moitié du XXe siècle
  • bien nous préciser votre blog et / ou pseudo, pour que nous puissions vous reconnaître, notamment si vous n’avez pas de blog.

Il faudra avoir rempli ces trois conditions pour valider votre participation.

Ce concours est ouvert jusqu’au 30 juillet. Les gagnant.e.s seront désigné.e.s par tirage au sort.

Surveillez nos blogs pour l’annonce des gagnants. Attention, nous actualiserons ce post mais n’en créerons pas de nouveau.

Bonne chances à tous et à toutes !

Et nous remercions de nouveau chaleureusement les éditions de la Table Ronde sans qui ce magnifique concours ne serait pas possible !

 

Concours Presses de la Cité

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Le Mois anglais est terminé, mais nous avons le plaisir de continuer à vous gâter, d’autant plus que nous passons l’année avec vous pour fêter les 10 ans de notre challenge !

Et pour souffler ces dix bougies, nous avons la chance d’être accompagnées cette année encore par les Presses de la Cité, que nous remercions vivement !

Après « La Prisonnière du temps » ou encore « La Fabrique des Poupées », nous avons le plaisir de mettre en jeu 2 exemplaires du « Voleur de Curiosités », dont voici le résumé :

Londres, 1863. Bridie Devine, détective spécialisée dans les cas délicats, fait face à l’affaire la plus complexe et la plus insolite de toute sa carrière. Christabel Berwick, l’héritière d’un baronet, a été kidnappée. Mais Christabel n’est pas une enfant ordinaire. Son existence a été cachée aux yeux de tous et ses étranges talents semblent effrayer son entourage autant qu’ils attirent l’attention des collectionneurs de curiosités.
Ne ménageant pas ses efforts pour retrouver l’enfant, Bridie entre dans un monde de chirurgiens déments et de saltimbanques mercenaires. Aidée dans sa quête par le fantôme tatoué d’un boxeur mélancolique qu’elle seule peut voir et par une femme de chambre à la carrure impressionnante, la jeune femme suit pas à pas les traces laissées par les ravisseurs, s’exposant ainsi à un passé qu’elle a tenté d’oublier.

Résurrectionniste, chimiste excentrique, créature aquatique légendaire : autant de personnages qui hantent les pages de ce roman lyrique et gothique où le spectacle est roi, mais qui fait la part belle à une enquête digne des plus grandes énigmes policières.

Comment fonctionne le concours ?

Nous vous proposons un concours sur nos blogs, et un autre sur le compte Instagram officiel du Mois anglais, @ayearinengland2021, géré par les trois créatrices du mois. Si vous suivez le challenge uniquement sur le groupe Facebook, vous pouvez tout à fait participer via nos blogs.

Pour participer et tenter de gagner un exemplaire sur nos blogs, c’est tout simple ! On vous propose de:

  • nous indiquer votre période historique favorite
  • nous dire quel(s) titre(s) des éditions des Presses de la Cité vous recommanderiez à une personne qui souhaiterait découvrir leur catalogue
  • bien nous préciser votre blog et / ou pseudo, pour que nous puissions vous reconnaître, notamment si vous n’avez pas de blog.

Il faudra avoir rempli ces trois conditions pour valider votre participation.

Ce concours est ouvert jusqu’au 10 juillet. Les gagnant.e.s seront désigné.e.s par tirage au sort.

Bonne chances à tous et à toutes !

Et nous remercions encore chaleureusement les Presses de la Cité qui nous accompagnent une nouvelle fois pour cet anniversaire qui nous tient à cœur !

La mystérieuse affaire de Styles de Jean-François Vivier et Romuald Gleyse

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En 1917, le capitaine Hastings revient en Angleterre après avoir été blessé sur le front. Il rencontre par hasard un vieil ami, John Cavendish, qui lui propose de venir passer quelques jours dans la propriété familiale de Styles Court. Hastings connaît bien les lieux où il a déjà été invité auparavant. La mère de John s’est récemment remariée avec Alfred Inglethorp qui n’est pas très apprécié par les autres membres de la famille Cavendish. L’ambiance à Styles Court est loin d’être  détendue. Durant la première nuit du séjour du capitaine Hastings, un drame survint : Mrs Inglethorp est prise de convulsions et elle s’effondre, morte, sur ses oreillers. Après les constats des médecins, Hastings propose de contacter son ami Hercule Poirot, un détective privé belge.

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« La mystérieuse affaire de Styles » est le premier roman où apparait Hercule Poirot. Il est ici adapté par Jean-François Vivier et Romuald Gleyse en bande-dessinée. Les éditions Paquet ont déjà préalablement édité plusieurs roman d’Agatha Christie en BD. Le roman montrait la forte influence de Conan Doyle sur  Agatha Christie. La construction du récit est en effet proche de celle des aventures de Sherlock Holmes. Cela se ressent moins dans la bande-dessinée mais globalement l’intrigue est fidèle à l’œuvre originale.

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Nous sommes ici chez des adeptes de la ligne claire qui m’a toujours beaucoup séduite et que je retrouve toujours avec plaisir. Ce choix est parfait, il n’est pas nécessaire d’en rajouter lorsque l’on adapte la reine anglaise du crime et que l’intrigue est pleine de rebondissements. Il ne faut pas se fier aux couleurs vives, c’est bien un drame familial et un esprit fort retors qui seront le nœud de cette enquête. Notre cher Poirot prend vie dans les pages de cette BD, il est presque bondissant (je crois que personne n’a jamais tenu compte du fait qu’il est censé boiter après une blessure).

Cette bande-dessinée, très plaisante à lire, ne peut que donner envie de découvrir le roman original et de faire plus ample connaissance avec les redoutables petites cellules grises de Hercule Poirot.

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