En caravane d’Elizabeth Von Arnim

Pour célébrer ses noces d’argent (les siennes, pas celles de sa seconde épouse Edelgard), le baron von Ottringel décide de quitter sa très chère Storchwerder pour passer des vacances en Angleterre. Ce choix peut surprendre car l’officier prussien n’apprécie que peu ce pays. Mais le coût peu onéreux du voyage n’est pas indifférent au choix du baron. Avec des compatriotes et des anglais, il traversera le Kent et le Sussex en caravane. Malheureusement pour lui, la météo ne sera pas clémente. « Plus tard on essaya de me persuader que nous jouions de malchance et que les étés anglais étaient normalement inondés de soleil. Je n’en crois rien. La Providence doit au contraire châtier chaque année l’exécrable pays pour le punir d’exister. » Pire, le baron va se voir contraint de participer aux tâches ménagères comme faire la vaisselle,  allumer un feu ou négocier de la nourriture auprès des fermiers des alentours.

Pour écrire « En caravane », Elizabeth von Arnim s’est inspirée d’un voyage qu’elle fit durant l’été 1907 en roulotte à cheval pour rencontrer H.G. Wells dans le Kent. Elle entraina ses trois filles et E.M. Forster dans cette aventure (elle rencontra également Henry James à Rye). Le roman est doublement autobiographique puisque le personnage du baron von Ottringel est le double fictionnel du mari de l’autrice. Elle règle ses comptes avec lui avec un humour savoureux et caustique. Le portrait du baron est en effet particulièrement gratiné : vaniteux, égoïste, nationaliste, misogyne, radin. Il est donc parfaitement imbuvable, insupportable pour ceux qui voyagent avec lui et font tout pour l’éviter ! Mais notre baron est tellement sûr de lui qu’il ne se rend compte de rien et nous parait totalement ridicule. On sent qu’Elizabeth von Arnim s’est bien amusée à croquer ce personnage détestable et à le placer dans des situations inconfortables et rocambolesques. 

Je me suis régalée à lire « En caravane », journal fictif d’un baron allemand, imbu de lui-même, à travers le sud de l’Angleterre. L’humour d’Elizabeth von Arnim fait des merveilles et m’a réjoui.

Traduction François Dupuigrenet Desroussilles

 

2 réflexions sur “En caravane d’Elizabeth Von Arnim

  1. Je voulais en enchaîner la lecture après d’autres livres de l’autrice, et je l’ai oublié quelque part dans une de mes nombreuses piles à lire. Tu me donnes envie de l’en ressortir. Rien de tel que ce moment de bonne humeur pour commencer l’été!

  2. Merci pour ce conseil lecture ! Je me suis régalée et me retrouve totalement dans tes commentaires. L’autrice réussit brillamment à nous faire rire de son narrateur proprement horripilant. On s’amuse du ridicule du sentiment exacerbé de supériorité (du fait de son sexe, de son statut social et de sa nationalité) qui l’habite, qu’il n’hésite pas à exprimer haut et fort et qui le rend totalement égocentrique au point d’interpréter de travers tout ce qui lui arrive. Jouissif !

    C’est le deuxième roman d’ Elizabeth von Arnim que le lis après « Avril enchanté » . Je ne pense pas m’arrêter là.

    Ingrid

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