La BBC a sorti cette année une adaptation du roman de Daphné du Maurier. Je suis ressortie mitigée du visionnage des trois épisodes.
Le gros point fort de cette série est la reconstitution comme souvent avec la BBC. L’ambiance sombre de l’œuvre de Daphné du Maurier est parfaitement rendue : la lande désolée, les marécages, le brouillard de la côte, les nuages obscurcissant sans cesse les paysages et l’auberge délabrée pourrissant d’humidité. C’est visuellement splendide et très plaisant à regarder. Je souligne également la réussite de la scène de naufrage aussi marquante que terrible.
Le casting est également à la hauteur. Jessica Brown Findlay est une excellente Mary Yellan, revêche et farouche. Sean Harris, dont je vous ai parlé récemment dans mon billet sur « Southcliffe », joue un Joss Merlyn complexe, torturé par ses agissements. Matthew MacNulty incarne un Jem séduisant et rustre. Le choix des acteurs est toujours de qualité dans les productions la BBC.
Malheureusement trop de libertés ont été prises avec le texte original. La première concerne la tante de Patience de Mary Yellan. Dans l’adaptation, celle-ci participe activement aux activités illégales de son mari ce qui est un contresens absolu. Dans le roman, c’est une femme terrorisée par son mari, tétanisée et peureuse. En aucun cas, elle ne soutient son mari et c’est pour la sauver que Mary reste à l’auberge de la Jamaïque. Dans la version de la BBC, l’héroïne n’a plus de raison de rester chez son oncle, cela faiblit la bonté de son âme.
Ensuite, il y a un problème dans la relation entre Mary et Jem. Mary se jette littéralement sur le jeune homme pour l’embrasser et accepte même de le suivre dans une chambre d’hôtel ! Je rappelle que nous sommes au 19ème siècle et que Mary est une jeune femme droite et pleine de principes. Je sais bien qu’il faut pimenter les choses pour les spectateurs contemporains mais il y a tout de même des limites.
Enfin, le vicaire est affublé d’une sœur qui n’apporte strictement rien à l’intrigue et à son développement, quel est l’intérêt de la créer ?
Comme vous pouvez le voir, je ne vous ai pas menti lorsque je vous ai dit que j’étais mitigée ! C’est fort dommage lorsque l’on voit la qualité des acteurs et la splendeur des paysages.