« Grâce traversa la route, et monta par un sentier herbu au point le plus élevé de la lande. Déjà la lumière baissait. A l’ouest, une masse de nuages plus sombres marquait la défaite du jour vaincu et agonisant. Il faisait triste sur cette lande, parcourue d’un souffle sifflant et glacé. Des oiseaux sauvages volaient en criant. Une mouette montait, les ailes immobiles, portée par le vent. De cette hauteur, par-dessus la ténébreuse et dramatique immensité des terres, on apercevait au loin la mer, une ligne sombre au bord de l’horizon. » C’est dans ce paysage désolé du nord de l’Angleterre que réside Grâce, 34 ans, et son mari Tom. Les hivers rudes et longs font regretter à Grâce le Sud de son enfance. La lumière et la chaleur lui manquent et ce n’est pas le bonheur marital qui lui fait oublier la douceur d’autrefois. Non pas que Tom soit un mari indigne mais la vie de Grâce dans cette petite ville est morne et sans relief. Elle aspirait à mieux, à plus de passion, plus de vie. Celle-ci va lui être de nouveau insufflée par l’intermédiaire d’un jeune homme travaillant avec son mari : Hugues Miller. Son énergie vitale, sa joie innocente vont rallumer l’espoir dans le cœur de Grâce et des autres habitants qui le croiseront.
Me voici réconciliée avec Rosamond Lehmann, j’étais passée à côté de « Poussière » mais je savais que j’avais raté une œuvre qui avait tout pour me plaire. Cette fois fut la bonne, j’ai enfin su apprécier toute la mesure du talent de cette auteure. L’œuvre de Rosamond Lehmann me semble avoir le même but que celle de Virginia Woolf ou Marcel Proust, à savoir explorer l’âme humaine et les sensations éprouvées par celle-ci. « La pensée consciente est un cristal aux millions de facettes ; des millions de lueurs, des millions de nuances doivent être saisis et assemblés pour exprimer une seule chose vraie. » Le mystère de l’autre est exploré par Rosamond Lehmann avec une infinie délicatesse et beaucoup de mélancolie. Les vies rêvées se concrétisent rarement dans la réalité. Grâce fait partie de ces rêveurs qui attendent tant de la vie et des autres. Parfois la vie leur réserve de belles surprises à l’instar de cette lumineuse et joyeuse journée d’été à la campagne au cœur du roman. Une journée idyllique dont le souvenir réchauffera le cœur de Grâce et des autres participants à ce pique-nique improvisé. Une trêve dans une vie monotone qui peut suffire à tenir le reste de l’année. Rosamond Lehmann décline ici le destin de ses personnages au fil des saisons, le temps s’écoule sans heurts, doucement Grâce s’apaise.
Se dégage du roman de Rosamond Lehmann une note douce-amère, une subtile mélancolie face au temps qui passe, à la vie qui s’enferme dans les habitudes. Un très beau et très sensible livre.
voici une lecture qui pourrait me plaire, surtout si on y retrouve un petit air de Virginia Woolf ! Chez mois en ce jour anglais on découvre e monde de Beatrix Potter ;)http://www.unchocolatdansmonroman.fr/article-le-monde-de-beatrix-potter-123815204.html
Oui je trouve que l’on peut rapprocher les deux auteurs par leur volonté de percer à jour l’âme humaine.
Je ne note pour l’instant que son nom que je ne connais pas.
Un beau billet !
Son grand roman est « Poussière » qu’il faudra donc que je relise un jour !
Il me semble que j’ai déjà lu quelque chose de cet auteur, mais quoi ???
Comme Syl. je note pour plus tard, avec Pousière peut-être.
C’est une romancière très reconnue en Angleterre mais peu en France, c’est fort dommage car elle a une très belle et délicate plume.
Je n’ai jamais lu de Rosamond Lehmann et ton billet donne très envie. Je note Poussière et Une note de musique en espérant les croiser prochainement.
Merci pour la découverte!
Je suis contente de te la faire découvrir et j’espère que tu aimeras son talent.
Une des nombreuses hôtes de ma PAL, et là, avec la double référence à Proust et à Woolf, tu me tentes. Mais il faut déjà que je mette un terme à Dickens, pour la LC du 9, et comme j’entretiens une relation pour le moins compliquée avec Dickens…
Je pense que tu devrais aimer son univers. Tu m’en as déjà parlé mais ta relation difficile avec Charlie m’étonne toujours !!
« Poussière » attend dans ma PAL. J’espère être séduite par cette lecture qui n’avait pas répondu à tes attentes. En tout cas ce que tu dis de l’objectif recherché par Lehmann me laisse penser qu’elle devrait me plaire, comme tu t’en doutes.
« Poussière » avait vraiment tout pour me plaire mais il a du arriver au mauvaise moment dans ma vie de lectrice. Je suis sûre qu’il te séduira.
J’ai lu « poussière » il y a longtemps, je n’ai rien lu d’autre ; je le note, ce sont des classiques indémodables.
Je suis d’accord, Rosamund Lehmann a un statut de classique en Angleterre.
Moi, tu me dis « subtile mélancolie du temps qui passe », forcément, je me sens concernée et attirée par le roman…
Je pense que c’est vraiment la phrase qui résume le propos du roman. Alors fonce !
Comme Lou, j’ai « Poussière » dans ma PAL mais je n’ai pas encore osé le sortir. Je ne pense pas que ce sera encore pour ce mois-ci. Je préfère des valeurs sûres ou des choses plus légères.
Il faudra un jour que je le ressorte de mes étagères pour le relire et avoir du temps pour l’apprécier à sa juste valeur. Peut être une LC pour le mois anglais 2015? 😉
Les miracles du mois anglais, on découvre des perles et nos billets se rencontrent… Je viens de parler de Virginia Woolf.
Mais je ne connaissais pas du tout cette écrivaine qui a tout pour me séduire je pense. Beau billet !
Un mois anglais sans la grande Virginia ne serait pas un mois anglais réussi ! Il y a chez Lehmann comme chez Woolf cette envie de décrypter l’âme humaine et ses pensées. C’est une recherche qui me plait beaucoup.
Ahhhhhhhhhhhhhhhhh ouf!!! Je sais que tu sais que je l ‘adore et que je collectionne ses livres…mais je tiens à le redire ici!!! ^^ Je suis certaine qu ‘un jour tu reliras Poussière et que tu aimeras!!!^^
Oui je sais que tu es fan et j’ai encore un Lehmann dans ma PAL offert par toi ! Je savais que j’étais passée à côté de quelque chose avec « Poussière », c’est pourquoi je tenais à recommencer.