© Kot
« Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » Je suis comme le personnage de « L’homme qui aimait les femmes », je pourrais passer mon temps à les regarder marcher.
Je m’installe dans un café rue de Rivoli et je regarde les passantes. Leurs démarches en disent long lorsque l’on sait les observer. Il y a les flâneuses qui avancent tranquillement, qui prennent le temps de regarder les boutiques ; les rêveuses qui manquent de se cogner aux poteaux, aux autres passants, elles ont le nez en l’air et la tête pleine de mille et un projets ; les débordées qui foncent et se fraient un passage en zigzagant, elles se donnent des airs d’importance pour montrer que leur temps est précieux.
Les saisons agissent aussi beaucoup sur les jambes des femmes. L’été nous les découvre et sans le poids des pantalons ou des collants, elles se font légères. Le rythme des pas se ralentit, s’alanguit. L’hiver les blottit sous des couches molletonnées de laine, de coton et de longues bottes. Le galbe délicat des mollets s’efface face au frimas.
Nous sommes en novembre. Le froid s’installe doucement, la pluie domine nos journées de sa grise morosité. La jeune femme sur le trottoir d’en face a revêtu son camouflage de saison : chaud et sombre. L’averse lui fait accélérer le pas. Elle sort peut-être de son travail, elle est pressée de retrouver la chaleur de son foyer, de sa famille. Son parapluie l’encombre, elle a hâte de s’engouffrer dans la bouche du métro. Hâte de se mettre à l’abri, d’être au sec, loin des intempéries. Sa marche rapide, vive aura contribué à l’harmonie de ma journée. La regarder avancer m’aura apporté un certain contentement, un certain apaisement.
La rue de Rivoli s’est peu à peu vidée, c’est la fin de la journée. La pluie a fait fuir les passantes. Je n’ai plus rien à observer, plus de jambes arpentant le pavé. Je vais rentrer. Retrouver ma femme que je ne vois plus marcher depuis dix ans, depuis notre accident de voiture.
Ah la sensualité et le langage des jambes de femmes!!!! J’adore!
La sensualité du galbe d’un mollet, les différentes longueurs de jupes, les pantalons, plein de manière de mettre en valeur nos gambettes et d’attirer le regard ! Finalement, c’est sympa d’être une femme ! 😉
J’aime aussi regarder les passants, je trouve ça délassant. La chute est cinglante, bravo 😉
Je les regarde et j’imagine leur vie ! Dans le métro aussi, j’aime observer les autres passagers ! Merci pour ton compliment !
La chute est triste mais le texte est sensuel
Merci, c’est ce que je voulais faire !
Je comprends ce plaisir d’observer les marcheurs et les marcheuses, à leur imaginer un passé, un présent, un avenir et que dire des jambes de ces femmes qui expriment la grâce féline, qui savent si bien accrocher l’œil et l’imaginaire. Beau texte.
Merci beaucoup Pierforest ! Nous étions faits pour les ateliers d’écriture puisque nous nous amusions déjà à imaginer la vie des passants !
ah oui il fallait une chute comme celle-là, après avoir été si attentif aux jambes et aux démarches…
On pouvait se demander s’il n’était pas un peu fétichiste mon personnage mais il a une bonne raison d’aimer les jambes des femmes.
Oh, la chute qui me touche…
Merci beaucoup Paikanne !
D’un point de vue technique je suis d’accord avec blogadrienne parce que tu proposes un personnage beaucoup plus profond qu’un simple pervers mais … tu n’as pas de pitié pour mon pauvre coeur? bouhouhouhou… 😉
Désolé d’avoir mis ton cœur à rude épreuve mais cela prouve que mon texte a bien fonctionné ! 😉
Je fais partie des rêveuses 🙂
Très chouette texte et une chute triste, que je n’ai pas vu venir…
Je fais également partie des rêveuses !!! Merci, elle m’est apparue d’un seul coup et elle est devenue évidente.
Avant la chute, je t’aurais parlé de texte touchant et bien vu … mai cette fin renverse tout. J’aime beaucoup.
Merci beaucoup Leiloona, je l’ai écrit très (trop) vite et je suis contente d evoir que tu as aimé me lire.
C’est un texte léger et délicat. Les observations sont très fines. La fin triste bien sûr.
Merci, c’est très gentil Cléo !
Je ne m’attendais pas à cette chute, et donne au texte une toute autre dimension. J’aime beaucoup la sensibilité qui s’en dégage.
Merci, je ne voulais pas faire de mon personnage un pervers qui mate les femmes !